Test | Combat Mission Cold War : British Army Of the Rhine

Combat Mission s’apprête à commencer un nouveau chapitre tant attendu par les fans de la série et par de nombreux joueurs préférant s’initier dans les meilleures conditions possibles. Mais le vénérable CMx2 respire encore, atteint par une arthrose sévère mais toujours le cœur rayonnant, et nous livre pour son dernier combat une extension dense pour Cold War appelée British Army of the Rhine.

Les anglais débarquent…

British Army of the Rhine, ou BAOR pour les intimes, rétropédale dans le temps par rapport à CM Cold War pour situer le conflit de 1976 à 1982. L’extension met en scène les troupes Britanniques éponymes défendant les plaines Allemandes du Nord (le point chaud de cette guerre fictive) ainsi que la 4ème brigade mécanisée de l’armée Canadienne, sorte de fourre-tout technologique de l’OTAN et contribution efficiente de nos alliés outre-Atlantique.

N’y allons pas par 4 chemins, British Army of the Rhine est un gros DLC qui se prédestine aux joueurs avec un curriculum wargamistique et militaire bien fourni. Un dlc par des vétérans de Combat Mission et des experts militaires, pour des vétérans de Combat Mission passionnés d’histoire militaire. De l’aveu des développeurs, son but est de fournir à ce public des situations crédibles et exigeantes. La série contient selon eux suffisamment de contenu pour les autres. D’un côté ce n’est pas faux. De l’autre, avec tous les nouveaux joueurs arrivés depuis le rachat par Slitherine, il aurait été judicieux -sur le plan commercial- d’ajouter des variantes plus accessibles. Car j’ai beau avoir plusieurs centaines d’heures au compteur, qu’est-ce qu’il est punitif ce DLC… Vous pouvez cependant vous lancer dans le bain sans respecter ces critères d’éligibilité. Avec un peu de patience et en respectant un certain ordre dans le choix des campagnes et des missions, sur un malentendu ça peut marcher.

Du beau monde pour l’arrivée du BAOR

Un gros DLC, un gros DLC… oui, et pas qu’un peu : 3 campagnes pour un total de 30 missions en sus d’une quinzaine de scénarios indépendants, variantes non incluses (25 au total). Des missions pour la plupart de moyenne à grande envergure à l’instar du jeu original, qui demandent un temps de préparation important pour le premier tour. Vous savez, celles que l’on commence par un soupir tant la tâche s’apparente à une corvée, puis qui se déroulent naturellement passé la phase de déploiement. En faire une fois le tour demandera à un joueur solo réglé en wego plus de 60 heures. S’il joue vite et bien… Sinon il passera bien plus de temps aux commandes des équipements du BAOR, nouvelles unités issues d’un monstrueux travail de recherche, peu nombreuses mais modélisées avec le plus grand soin (surtout le matériel Anglais).

Aperçu des 3 campagnes

La plus petite est celle des troupes aéroportées russes (les VDV). Votre groupe de parachutistes d’élite atterrit par erreur loin derrière les lignes ennemis et votre mission principale sera de rejoindre vos frères d’armes au front. Au cours de ce périple centré sur l’exfiltration avant de, peut-être, rejoindre votre objectif, vous aurez à charge de repérer les groupes ennemis et d’engager des cibles d’opportunité. L’idée est alléchante, l’exécution moins pour le commun des mortels.

Cette brève campagne de 6 missions au petit format est en effet l’une des plus difficiles de la série. Règle d’or de cette dernière : considérez toute unité non exfiltrée à la fin du temps imparti par la mission comme perdue. Chaque scénario se présente donc comme une course contre la montre vers la sortie, face à des ennemis à la supériorité numérique écrasante et avec, pour ne pas bouder son plaisir, des objectifs obligatoires en cours de route absolument impitoyables. Ce changement de style se veut aussi rafraîchissant que frustrant. D’un côté l’ambiance et la narration sont réussies, comme la majorité des campagnes de ce DLC. Il est grisant de progresser discrètement en territoire ennemi puis de déverser notre savoir-faire destructeur lors de nos rares assauts. Mais entre les approximations -ressenties, non avérées- du système de détection de nuit et le caractère punitif, limite suicidaire, des objectifs, la campagne se transformera en véritable calvaire pour la majorité des joueurs et je ne suis pas surpris que certains trichent pour parvenir à leurs fins. La moindre perte d’hommes et de munitions se ressent de plus terriblement, surtout lorsque l’on commence la mission suivante avec des effectifs amenuisés. Le plus drôle : au cas où vous trouveriez la campagne trop simple, une variante difficile est incluse. Oubliez cette dernière et réservez la campagne originale pour la fin. 

Je préfère la campagne Britannique. Cette fois les Russes attaquent et il vous faut les retenir au maximum avant l’arrivée des renforts. Préparez vos champs de mines et placez vous correctement pour accueillir les rouges comme il se doit alors qu’ils vident avec générosité et insistance leur stock d’obus sur vos positions. L’ambiance est folle avec cette artillerie assourdissante et dévastatrice, et ces vagues soviétiques qui s’apparentent plus à un tsunami qu’à une légère houle estivale. Et si, défense oblige, certaines missions se jouent surtout lors de la préparation, les concepteurs ont eu la présence d’esprit d’alterner avec des missions d’attaque qui nécessitent plus de proactivité. En terme de défi on se trouve ici sur quelque chose de plus gérable malgré des conditions en notre défaveur. Les soviétiques sont plus nombreux, leurs chars plus évolués (vous adorerez voir vos tanks exploser sans connaître la provenance du tir) et ils sabotent en prime vos capacités de communication. Et pour peu que vous soyez négligent, ils obtiendront rapidement la supériorité aérienne. Le rêve non ?

Blague à part, on se retrouve à adopter à la fois des tactiques de guerre conventionnelle et de guérilla, pour un résultat dynamique et franchement sympa. On tend des embuscades de fortune, on tente des pinces. On fait sauter des ponts au raid aérien en reculant progressivement vers l’arrière de la carte et on lit d’un oeil attentif les briefings détaillés (en anglais seulement) qui nous mettent dans l’ambiance et nous abreuvent d’informations capitales. La campagne possède cependant des critères de victoire et de progression serrés qui peuvent frustrer. J’ai par exemple pesté après avoir manqué de justesse (de 25 points…) la victoire mineure lors d’une mission. Malgré ma légère domination tant sur le score que sur le terrain, l’égalité décrétée déclenche l’échec de la campagne et le droit de recommencer la mission qui m’avait quand même pris 4 heures… Vous avez dit décourageant ?

Cette campagne de 8 missions représente d’une certaine façon le coeur du DLC. C’est sur celle-ci que vous piloterez Chieftains et autres Scimitars, que vous posterez vos tireurs AT équipés de MILAN (cocorico !), là où les autres vous fournissent du matériel déjà pratiqué. C’est sur celle-là que vous ressentirez la détresse de vos soldats de pixels face à l’arrivée tonitruante des soviétiques et que vous chercherez des solutions peu orthodoxes à vos problèmes. Elle demeure dans l’ensemble une belle addition à la série.

Enfin, du haut de ses 16 missions la campagne Canadienne vous tiendra en haleine la majorité de votre temps de jeu. Depuis une base proche de la campagne Anglaise, avec des soviétiques déchainés à retenir, cette longue aventure possède en réalité un gros embranchement passé les premières missions. Sans trop en dire puisque l’histoire de la Royal Canadian Armored Corps se laisse suivre, vous aurez le choix entre deux mini campagnes de 5-6 missions centrées soit sur l’infanterie mécanisée avec des combats mi ruraux mi “urbains”, soit sur de nerveux affrontements entre tanks. Cerise sur le gâteau, la campagne croisera celle des VDV.

L’aventure de la 4ème brigade mécanisée se veut en revanche elle aussi exigeante. Le défi n’étant pas, cette fois, de réussir les missions mais de faire en sorte d’avoir suffisamment de forces pour la bataille finale. Il en découle donc la nécessité de limiter vos pertes mais aussi de conserver des forces opérationnelles, en condition et avec des munitions en stock. Et face à des troupes d’élite du VDV retranchées ou qui vous surprennent par l’arrière, la tâche est plus facile à l’écrit qu’en jeu, même avec la quantité affolante de troupes à disposition… Mais elle est, elle aussi, très chouette pour peu que vous appréciez le dur labeur.

Quid des scénarios indépendants ?

Un point rapide sur les scénarios inclus, qui malgré un désir de variété jouent davantage la carte de la quantité plutôt que la qualité. Non pas qu’il n’y ait rien d’intéressant, loin de là. Les préférences dépendront des goûts de chacun mais j’y vois de belles additions, comme cette mission nocturne de sabotage en milieu urbain ou encore la défense petite mais intense du checkpoint Charlie à Berlin. Mais sur les 25 ajouts, si l’on retire les variantes et les scénarios moins travaillés, on tombe à une dizaine de missions. Celles du BATUS (les Anglais à Suffield, au Canada) manquent en effet d’attrait avec leurs cartes entièrement vides. Quant à l’assaut de la prison de Spandau, disponible en plusieurs déclinaisons, elle commence de façon intéressante mais perd en intérêt une fois à l’intérieur faute de simulation intéressante de ce type d’affrontement. Je regrette enfin la sous-représentation des forces Russes pour les joueurs solo, la majorité des scénarios étant pensés pour du jeu Bluefor. Bref, on peut se contenter d’un verre à moitié plein d’un bon nectar mais il reste dommage de devoir jeter autant de matière. Moins, c’est parfois mieux.

Quand CMx 3 se fait attendre 

Avec ses larges environnements et son grand nombre d’unités par mission, Combat Mission Cold War est l’opus le plus gourmand de la série. Il en est de même pour British Army of the Rhine qui descend régulièrement autour des 20 fps et impacte à la négative le plaisir de jeu. Combat Mission 3 se fait terriblement désirer, d’autant plus quand le jeu s’essaye en parallèle à des choses que le moteur ne gère pas toujours bien, comme les situations de nuit ou en intérieur et les topographies coquines qui bloquent souvent la ligne de vue des unités. Il devient compliqué de supporter les faiblesses du moteur à l’approche de 2026. Slitherine, si vous lisez ces lignes envoyez nous un signe ! Je regrette également un manque de finition générale du module. Malgré trois ans de développement on dénombre de nombreux oublis et bugs mineurs, comme certains véhicules sans fumigènes ou munitions ou des troupes ne pouvant pas rentrer dans des véhicules. Un patch est en chemin.

Convaincu à moitié

Combat Mission Cold War : British Army of the Rhine se révèle clivant. À l’exception de quelques essais infructueux et d’une poignée de tracas qui laissent penser à une sortie précipitée, le module jouit d’un soin indéniable apporté aux briefings, au travail de recherche et à la crédibilité des situations. La thématique est forte et il en est de même pour l’aspect narratif, souvent secondaires dans la série. L’extension demeure cependant pensée pour les experts de Combat Mission tant elle se montre difficile et punitive. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi mais pourquoi ne pas proposer de variantes plus faciles pour s’ouvrir à plus de monde ? En l’état, peu de joueurs profiteront de la belle quantité de contenu qu’il propose. BAOR, une extension de niche pour un jeu de niche.

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