Guide du jeu de société en solo (2)

Alexander Pfister pond des pépites à la chaîne mais toutes ne rencontrent pas le succès qu’elles méritent. Comme ce cher BlackOut Hong Kong, resté dans l’ombre du fait d’un thème et d’une direction artistique clivants (entre autres). Dans cet eurogame parfaitement jouable -voire meilleur- seul, vous arpentez Hong Kong avec de nombreux spécialistes pour y rétablir l’électricité. Ses plus : son système de deckbuilding malin, ses ressources régies par les dés, les contrats à réaliser et les “scénarios” solo. Un excellent jeu qui a su séduire un vaste panel de joueurs dans mon entourage, souvent trouvable à vil prix !

Avec Civolution, Stefan Feld nous offre une œuvre d’une grande maîtrise. Derrière sa thématique quelque peu discrète se cache un système de jeu dingue, mais dingue… Si ce jeu de “Civilisation” peut intimider à première vue, il se révèle en réalité surprenant d’intuitivité une fois l’iconographie comprise. Quant aux craintes relatives à l’omniprésence des dés, elles se dissiperont probablement une fois le bestiau apprivoisé. Le solo fonctionne avec un bot simple, au regard de la richesse du titre, mais je recommande une fois de plus le site brdgm.me pour faciliter ce pan du jeu. Mon test pour en savoir plus.

Tiens, un autre jeu de civilisation ! Avec en sus des dés pour programmer ses actions… Minos n’a pourtant pas grand chose à voir avec Civolution et offre de belles sensations de jeu dont du combo à foison. Son mode solo conçu par David Turczi se manipule avec simplicité malgré quelques longueurs et je le recommande de ce fait sans hésiter à ceux qui aiment les jeux longs, d’autant plus que Minos se trouve de façon régulière à des prix défiant toute concurrence.

Peut-on considérer Halls of Hegra comme le fils spirituel de This War of Mine et Pavlov’s House ? Protégez en solo la forteresse norvégienne de Hegra alors que l’armée du Reich tente par tous les moyens de la capturer. Halls of Hegra mélange survie et combat pour un résultat narratif, thématique et stratégique qui vous plongera avec brio dans le bourbier que c’était. Une ombre au tableau cependant : le livret de règles qui donne envie de se rendre alors que le système est déjà coquin… Récit d’une partie.

Victime de son succès, Eternal Decks retrouve bientôt les étals des meilleures crémeries. Et vous savez quoi ? Je prédis qu’il deviendra l’un des favoris de nombreux solistes! Dans ce jeu de cartes en coopération (ou en solo), vous devez réveiller les éternels, sorte d’esprits au style détonant, en jouant sans communiquer (sur sa main) des suites de cartes sur différents sentiers. Chaque éternel donne ensuite son deck au joueur responsable de son réveil mais ajoute en contrepartie à tout le monde un malus à la partie (par exemple ne plus poser de 4), malus qui s’accumulent sauf si vous offrez des joyaux en défaussant d’autres séries de cartes. Mais si un joueur ne peut pas jouer faute de carte en main, tout le monde a perdu. C’est cérébral, malin et assez rapide, mais surtout doté d’une adaptation solo qui ne dénature pas l’expérience. Et que dire du matériel, remarquable au vu du prix du jeu. Test à venir en janvier. 

Galactic Cruise illumine l’univers du jeu expert avec la puissance d’une supernova. Le titre idéal pour faire la transition avec les gros jeux ci-dessous, au vu de sa boîte massive et de la qualité de production délirante (pour la modique somme de 80€ tout de même) qui allie agréables composants (dont un bel insert !) et thématique forte jusqu’au superbe livret de règles que l’on n’aimerait jamais arrêter de toucher. Le premier projet de Koltin Thompson en impose et ce jusqu’aux sensations de jeu pour qui aime les eurogames denses qui ne s’éparpillent pas (trop). Le principe : Construisez des fusées pour envoyer des touristes dans l’espace et devenir le futur PDG de cette agence de voyage d’un genre nouveau. Pose d’ouvrier avec interaction positive, réelle ouverture stratégique, variabilité appréciable… Ce système de jeu convainquant se verra décortiqué dans un test à venir ces prochains jours. En ce qui concerne le mode solo, le bot Rachel, nièce opportuniste du précédent PDG, demande un petit temps d’adaptation mais *roulements de tambours* brdgm.me arrive à la rescousse !

Aussi épique qu’exigeant, Mage Knight. Explorez les terres de cet univers fantasy à la recherche de sorts, de reliques et de troupes pour devenir LE Mage Knight. Un jeu tactique très satisfaisant avec un fort accent sur le deckbuilding et la liberté d’approche, mais un jeu velu. Si vous acceptez sa courbe d’apprentissage au fort dénivelé et la patience requise pour le dompter, Mage Knight pourra cependant devenir l’un de vos jeux préférés et hanter vos pensées jours et nuits.

Arkham Horror, le deckbuilder stratégique et narratif dans un charmant univers lovecraftien. Jouez un investigateur enquêtant sur des affaires ésotériques qui touchent la ville de Arkham et profitez d’une expérience thématique à la fois proche du jeu de rôle et intense cartes en main ! La boîte de base permet de découvrir ce système riche à coût raisonnable, mais si vous adhérez au délire attention car les campagnes et contenus additionnels abondent et font vite grimper l’addition… Pour ceux qui préfèrent la fantaisie, le seigneur des anneaux JCE se propose comme solide alternative.

Le célèbre roguelike deckbuilder tactique passe du format numérique au jeu de plateau. Cette version adaptée -et pas simplement portée- se révèle exquise, notamment pour son mode coop, tout en restant fidèle aux jeu original. Slay the Spire demande cependant de nombreuses manipulations, notamment en cas de défaite pour tout remettre en place, et de ce fait certains fans préfèrent retourner devant leur ordinateur pour du jeu 100% solo. Une très belle œuvre réservée aux joueurs patients et désireux de fuir les écrans.

Avec Too Many Bones, Chip Theory nous sert un “Rpg” tactique clivant centré sur l’utilisation massive et maline de dés. Ce “dungeon crawler” hautement rejouable et satisfaisant s’accompagne en sus de composants premium aussi nombreux qu’agréables à manipuler, des jetons de poker aux tapis en néoprène. Seulement il faudra débourser près de 150€ pour pouvoir y jouer, extensions non comprises.

Longtemps resté au sommet du classement général BGG, Gloomhaven (puis sa “suite” Frosthaven) est un monstre. Boîte énorme, contenu gargantuesque offrant des centaines d’heures de jeux, système passionnant, mais aussi des règles complexes et des manipulations incessantes de la mise en place à la gestion des combats. À tel point que de nombreux joueurs de ce fabuleux Rpg tactique préconisent de jouer avec l’application d’aide de jeu pour alléger ces phases pas toujours amusantes.

Pluton pose un ultimatum à l’humanité et menace de détruire la terre avec une bonne éruption du Mont Vésuve, sauf si les plus grands champions neutralisent ses lieutenants. Arpentez le monde antique, formez le meilleur groupe de gladiateurs possibles et allez flanquer une rouste à ses sbires, par Jupiter ! Hoplomachus Victorum possède des airs de roguelike, avec sa campagne engageante mêlant combats tactiques et phases stratégiques à l’agréable sentiment de progression, dotée en outre d’un système de sauvegarde fort pratique qui facilite l’installation du jeu et la reprise de la partie. Le jeu bénéficie en sus de l’habituel standard de Chip Theory en matière de production, pour un résultat sur la table qui rendrait jaloux les dieux.

Long, complexe, historique… Ce titre épique basé sur le célèbre jeu de grande stratégie PC vous place à la tête d’un royaume du XVème siècle à faire prospérer par la diplomatie ou par la force. Le jeu intègre un mode solo par Monsieur TURCZI himself, dodu à souhait, qui s’étend sur 16 pages de textes et de chartes décisionnelles et se réserve aux joueurs les plus motivés. Malheureusement, outre les difficultés inhérentes à son système, le jeu semble dur à trouver à un prix convenable.

On connaît Cole Wehrle pour Root, Pax Pamir ou le récent Arcs, mais ce cher concepteur possède d’autres pépites dans sa besace. Comme John Company, où les joueurs influencent la Compagnie Britannique des Indes Orientales afin de servir leurs propres intérêts en matière de pouvoir et de réputation. Folles négociations, coups bas et choix ouverts abondent dans ce jeu d’une grande richesse qui est peut-être le plus complexe de l’auteur. Le plus surprenant : le mode solo inclut avec la seconde édition, improbable au vu du style de jeu et pourtant très bien fichu.

Eurogame lourd aux airs de 4X spatial, Voidfall intimide dès la mise en place. Plutôt difficile à sortir en soirée avec des proches, le jeu récompensera toutefois le solitaire déterminé avec un système économique riche et de nombreux leviers qui offrent au titre une grande profondeur. Vous pouvez tester gratuitement le mode solo sur cette application en ligne en vous armant en parallèle du livret de règles.