Test | Frostpunk 2

Ici Steward. STOP. Vague de froid d’une ampleur inégalée en approche. STOP. Reste 26 semaines. STOP. Préparer stock de provisions. STOP. Sacrifier les seniors. STOP. Passer générateur central en surrégime…STOP

Quoi de mieux pour conclure l’été qu’un voyage dans des terres à -40° ? Un moyen certes radical de nous préparer pour l’hiver à venir, mais ma foi plutôt stimulant. L’équipe de 11 bits studios sait pourtant qu’il n’y a rien de mieux qu’une partie de Frostpunk, intense et immersive mais bien plus sûre qu’une telle expédition. C’est pourquoi, après un report visant à peaufiner le deuxième épisode, ce dernier sort le 20 septembre. Malins, les types…

Survie builder

Frostpunk 2 est un jeu de gestion, un “city-builder” pas comme les autres. À partir de rien, d’une épave de Dreadnought, votre objectif pour prospérer est d’assurer la survie de vos citoyens, de votre main-d’oeuvre. Constituée d’adultes valides et en âge de travailler, sauf projet de loi à l’éthique douteuse, elle est nécessaire pour chaque chantier, de dégel comme de construction, et pour le fonctionnement de vos structures. Sans elle, vous êtes bloqué. Il est donc nécessaire de veiller à ce que cette tranche de population reste heureuse et en bonne santé. Une famine, une épidémie, une surcharge de travail qui dure trop, et votre capacité de production chute drastiquement. Préparez-vous à jongler avec vos travailleurs, à les allouer dans les différentes structures et à fixer des degrés de productivité, pour équilibrer le rendement des différents besoins et libérer suffisamment de main d’œuvre pour ouvrir de nouveaux chantiers.

Avec le temps, et sous réserve d’une bonne gestion, votre ville et sa population grandiront, vos horizons s’élargiront, puis de nouveaux problèmes apparaîtront. Sans cesse. Pour plonger dans Frostpunk 2 il est primordial d’aimer les défis, les bâtons en permanence jetés à la figure. Loin de la construction de ville relax, l’expérience ici se veut stressante, avec un besoin incessant de jouer le pompier plus que le maire. Et ce dès les premières minutes d’un scénario. Vous êtes là pour en chier.

Un projet de grande envergure

Vous aviez affronté la tempête hivernale de nos ancêtres et dirigé d’une main de maître le village du premier opus ? Cette fois, 11 bits studios vous confie une tâche toute autre, une mission à l’échelle plus grande, emportant avec elle les avantages et contraintes d’une telle ambition. Fini les villages, les huttes et l’observation bienveillante de votre population arpentant vos chemins pour aller travailler. Vous gérez maintenant une ville et ses dizaines de milliers d’habitants. Vous ne construisez plus de maison ou de mine à l’unité, mais des quartiers, des complexes entiers. Le temps y défile également plus vite. Les secondes sont des jours, les minutes des semaines.

Grande ville, grands problèmes

Si le froid reste un sujet d’inquiétude majeur, comme la famine ou le manque de matières premières, et qu’il sera nécessaire de contrôler les ressources d’une région entière pour subsister une fois votre ville imposante, la maladie, la pollution et les crimes guettent. Tout comme vos pairs. Avec le développement de votre cité des factions se forment, le cœur engagé vers une cause précise (tradition, progrès…) et un œil pointé sur vous. Les structures construites, les recherches effectuées, les lois votées… chacune de vos actions influencera leur opinion sur vous. Si une faction vous est favorable, elle poussera en votre sens et militera pour vous. Si elle devient hostile à votre égard, elle vous mettra des bâtons dans les roues ou pire, cherchera à vous bouter hors de votre siège. On se retrouve donc à négocier avec eux, à leur faire des promesses (et il vaut mieux les tenir), à les soutenir financièrement, mais aussi à faire grandir leur parti ou à l’inverse les étouffer avec plus ou moins de discrétion. Ce type d’interaction avec des factions IA reste un sujet délicat dans les jeux. Souvent essayé, rarement réussi. Ici, malgré des manipulations un peu grossières et quelques retournements de veste peu crédibles, le résultat est convainquant et j’ai sué à maintes reprises face à la gymnastique nécessaire pour évoluer comme souhaité. Ou face à cet écran de vote, où les voix pour ou contre s’incrémentent dans le silence et où le temps s’arrête, espérant que notre projet de loi soit accepté, même à 1 vote près.

Simple et difficile à la fois

Mécaniquement parlant, Frostpunk 2 se veut simple, accessible. Loin de la complexité d’un Soviet Republic riche en micro gestion et paramètres à considérer, ici l’ensemble s’apprend vite et se gère de façon macro, avec un court processus répété ad vitam. On dégèle des cases pour se frayer un chemin vers les rares ressources alentours, on les exploite en construisant un extracteur, puis on continue, alternant quartiers résidentiels, usines, mines et fermes. Par la suite, des bâtiments et améliorations, fruits de vos recherches, viendront agrémenter le panel de constructions possibles sans réellement intimider le joueur. Cependant, au-delà du simple défi, Frostpunk 2 s’avère punitif. Le moindre faux pas peut vous enfoncer vers le chaos, voire vous bloquer en début de partie, et comme vous recevrez des urgences par wagons entiers, la défaite fera partie de votre expérience. Bon, j’exagère volontairement le trait, mais vous m’aurez compris.

En ce sens, le jeu laisse initialement la sensation de jouer à un puzzle game. Le pétrole est ici, la nourriture là, et la liberté relativement restreinte. Il s’ouvre heureusement par la suite pour se délester de ce désagréable ressenti, bien que Frostpunk reste un jeu très procédurier. Lorsque les branches de lois et recherches se ramifient, vous prenez enfin les commandes et donnez un cap à votre cité. Tous les jeux sont d’une certaine façon des puzzles de complexité variable, l’essentiel étant de laisser suffisamment de liberté au joueur pour maintenir l’illusion que non. Ici c’est le cas, passé le mur de difficulté initial de chaque scénario. J’écris ceci avec soulagement car l’ambiance est tellement réussie que la déception aurait été grande si la partie gestion manquait d’intérêt.

Une âme chaude et généreuse

Car si Frostpunk 2 excelle quelque part, c’est bien dans son ambiance.

L’environnement aride auquel sont confrontés vos habitants vous hante, sensation exacerbée lorsque vous apprenez la mort des uns, péris dans le froid faute de maisons en quantité suffisante, puis des autres, morts de maladie faute de système de soin adéquat. Régulièrement, des civils communiquent avec vous. Parfois, ils vous réchauffent le coeur avec une bonne nouvelle, d’autres fois ils vous glacent le sang, leur enfant tué en raison de votre laxisme face à l’augmentation rampante de la criminalité. C’est avec appréhension que l’on envoie des éclaireurs explorer des montagnes dangereuses, avec remord que l’on sacrifie des enfants travailleurs pour sauver une mine en danger. Lorsque la tempête s’abat sur la ville, je retiens mon souffle face à ce spectacle aussi silencieux qu’angoissant. 11 bits studios fait du 11 bits studio, experts en ambiance morbide et narrative depuis This War of Mine. C’est d’une certaine façon leur marque de fabrique et si on aime ce style, Frostpunk 2 régale.

L’immersion est renforcée par les visuels superbes, sur les plans technique et surtout artistique. Même avec des réglages faibles, Frostpunk 2 en jette. Amateur d’univers post-apocalyptiques, je suis transporté. Et que dire de cette interface discrète, épurée, qui épouse à merveille le thème. Par exemple, lorsque nos citoyens nous parlent, c’est via une élégante fenêtre représentant des volutes de fumée. L’équipe de 11 bits studios a le sens du détail et je lui tire mon chapeau.

La campagne avant l’utopie

Après une campagne en 5 chapitres qui introduit progressivement les mécaniques et les enjeux de cet univers post-apocalyptique du début de siècle dernier, Frostpunk 2 réserve aux plus masochistes une séance de prolongations avec le mode Utopie. Avec sept biomes et trois objectifs au choix, ce mode défi personnalisable saura donner du fil à retordre et rallonger la durée de vie du titre. On ne croule donc pas sous le contenu, sans pour autant se sentir lésé. Enfin, le jeu sort avec les outils de modding, prévus pour la création de cartes, scénarios et nouveaux modèles 3D.

Votre Frostpunk, avec ou sans glaçons ?

Avec sa réalisation soignée et son caractère addictif, Frostpunk 2 est indéniablement un bon jeu. Si je doute passer mes longues soirées d’hiver dessus, trouvant sa boucle de jeu un peu trop légère à mon goût, je m’y amuse bien, à la fois transporté par sa terrible ambiance et stimulé par le défi à relever. C’est un titre que je recommande sans hésiter, à condition de ne pas attendre de lui un city-builder contemplatif ou à l’inverse, un jeu de gestion aux mille paramètres à surveiller.

Intéressé par Frostpunk 2 ? La page steam du jeu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *