AAR | Solium Infernum (1/2)

Le remake du fascinant Solium Infernum souffle bientôt sa première bougie. Quelle meilleure façon, pour lui rendre hommage, qu’un récit de ma dernière et audacieuse partie ? Une course à l’élection folle, durant laquelle je vais tester une stratégie non conventionnelle face des adversaires expérimentés et non prévenus de ce projet narratif. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la chance m’a souri car le récit que vous allez découvrir représente la quintessence de l’expérience Solium Infernum. Si vous ne connaissez pas le jeu accrochez-vous, le voyage est semé d’embûches !

(Et si vous ne connaissez vraiment pas Solium Infernum, je vous invite à lire mon test.)

Calife à la place du calife

De toutes les façons possibles de gagner dans Solium Infernum, le faiseur de roi est peut-être la plus délicate. En troquant les nombreux bonus de départ par la couronne du même nom, j’échange un important coup de pouce contre une simple faveur : parier secrètement sur un autre joueur. S’il gagne la partie, je finis vainqueur à sa place. Un défi aussi fourbe que complexe, mêlant discret soutien, bluff et opportunisme. Mais gare aux curieux : si un joueur réussit à espionner ma forteresse avec le rituel adéquat, il découvrira le pot aux roses. De ce postulat, la situation risque de rapidement tourner au vinaigre… Je choisis donc pour cette tâche la harpie Lilith, jamais jouée mais candidate idéale grâce à sa légère avance en prophétie. Cet AAR se divise en deux parties : la première présente la problématique avec douceur avant de laisser place à la seconde, d’un dynamisme formidable et haletant comme peu de jeux en sont capables. Bonne lecture !

« Mes chers compatriotes, âmes damnées ou démons de haut rang, l’heure est au recueillement. Notre roi Lucifer a disparu. […] mais gardons à l’esprit que malgré notre peine collective, la mort continue. De ce fait, l’assemblée se réunira dans 50 jours pour désigner le futur souverain. Qui de mieux que moi, Lilith, pour vous guider dans votre quotidien et conserver les valeurs qui nous caractérisent ? Grâce à mes dons de prophétie je vois tout, je sais tout. Rien ne m’échappe, ni les dépenses des uns, ni les conspirations des autres. […] Make Hell Great Again, votez Lilith ! »

À la recherche du parfait candidat

Des hurlements résonnent de part et d’autre des enfers, signe que l’épreuve du trône a commencé. J’entame ma campagne par une brève inspection des lieux. Astaroth, guerrier de renom, a pris place au nord-ouest de ma position. Mammon, redoutable financier, s’est installé au sud de mes frontières. Deux entités à surveiller comme le lait sur le feu, avec une mention spéciale pour Astaroth qui jouera presque toujours avant moi. Situés plus loin, Belial et Belzebuth ne m’inquiètent guère pour le moment.

J’aperçois à deux pas de mes frontières le théâtre de la paresse. Cette fierté de notre patrimoine offre à son propriétaire une défense de fer face à tous les rituels. Mais faute de légion suffisamment puissante, je ne pourrais le capturer ce jour.

Enfin, j’observe avec envie le Pandemonium à l’Est de mon canton. Le majestueux édifice siège près de moi, comme si l’assemblée me savait déjà victorieuse. Mais les élections se terminent rarement avec pacifisme dans les tréfonds de l’enfer. Grâce à cette proximité, je pourrai protéger l’assemblée des mauvais perdants tentés par une prise virulente du pouvoir.

Mes priorités en ce début de campagne :

  • Augmenter mon niveau de prophétie pour camoufler ma couronne de faiseur de roi. J’ai le temps avant qu’un rituel ne le permette, mais c’est un travail de longue haleine.
  • Apparaître comme un candidat au trône potentiel. Trop de passivité sèmerait le doute au sein des camps adverses.
  • Et bien sûr observer mes adversaires pour dénicher la meilleure marionnette. J’ai 10 tours pour la choisir.

Je sonde mes deux voisins. Une proposition de partenariat militaire avec Astaroth et un bref rappel à Mammon que je serai sans danger.

Que faire avec le théâtre de la paresse ? Si Astaroth se dirige vers lui, il le capturera le tour suivant avant moi et j’aurais perdu une action. Mais s’il vagabonde ailleurs j’ai une chance… Je minimise les risques et préfère rechercher des tributs. J’évoluerai ainsi plus vite et dans le fond, je me fiche du lieu de pouvoir. Il pourrait même aider mon potentiel poulain à rejoindre les sommets.

Je profite du calme ambiant pour errer dans le bazaar. Le marché bat son plein, enivré par les effluves des épices et les rires des préteurs. Un objet attire soudainement mon attention : le talisman de l’ombre. L’artefact idéal, 3 points de résistance supplémentaires aux rituels de prophétie. Mais je continue mon chemin sans succomber. À ce stade des élections un tel achat se révèlerait suspect.

Le lendemain, Astaroth capture la grande roue de la douleur. J’aurai donc pu acquérir le théâtre mais c’est maintenant peine perdue. Grâce à sa priorité sur les tours il enchaîne avec ce lieu convoité et prend de l’avance dans la course. Pendant ce temps, Mammon signe des liens commerciaux avec Belial et moi-même puis profite de sa richesse pour recruter une seconde légion. Moi ? Je continue de rechercher des tributs pour augmenter ma prophétie. Elle sera bientôt à 4, palier majeur qui octroie un ordre supplémentaire par tour. J’essaye en parallèle de chasser les marcheurs des abysses mais ils ne cessent de s’éloigner…

Dixième jour d’élections. Prophétie 4 en poche, j’investi dans un point de colère pour débloquer les premiers stratagèmes et me lance dans un marathon vers les 4 points de destruction. L’objectif : déverrouiller le quatrième ordre et invoquer des marcheurs des abysses pour entraîner ma légion.

Côté diplomatie, je signe avec Belial un pacte de non-agression. Un acte plus symbolique qu’utile mais il est bon d’entretenir de bonnes relations dans ces terres. Mammon et Astaroth amassent quant à eux du prestige et se détachent du peloton tant sur les points de victoire que sur la puissance militaire. Surtout Astaroth, que je vais donc choisir comme marionnette. La partie peut commencer.

Premières opportunités

Belial ne m’avait pas menti. Le Leviathan surgit des abysses et entame sa marche macabre pour libérer différents lieux de pouvoir. Il se dirige d’un pas déterminé vers le théâtre de la paresse. L’édifice flanche au premier coup de patte. Voilà une belle opportunité pour moi. Régent du tour, je peux reprendre ce lieu fragilisé avant Astaroth. Je gagnerai ainsi en crédibilité et donnerai à mon poulain un joli casus belli pour lui offrir du prestige. Mais le signal manquait d’intensité. Ce cher Astaroth vire plutôt vers l’Est et pourchasse les marcheurs des abysses, profitant de cette escapade pour promouvoir son armée et sécuriser des cantons autour du Pandemonium. Cette jolie manœuvre résonne en moi. En faisant de même je rendrai l’assemblée difficile d’accès aux autres joueurs, prévenant de la sorte les tentatives grotesques d’usurpation par la force.

Me voilà allié avec Belial, partenaire de Mammon et tireur de ficelles de Astaroth… Un statut que je désire conserver. J’entre donc en hibernation sociale et élabore dans l’ombre mes premières conspirations. Elles seront ma principale source de prestige, utilisé pour engraisser mon poulain le moment venu. Et puis dans le doute où j’aurai misé sur le mauvais cheval, le prestige en poche me permettra de rester dans la course.

Garder le cap. Quoi qu’il arrive.

Jour 17. Grâce au 4ème niveau de destruction je débloque un emplacement d’ordre supplémentaire. J’évolue maintenant vers la colère dans le but d’obtenir tout le panel de stratagèmes. Malgré le calme ambiant ma faiblesse reste évidente. Je dois établir une bonne défense pour éviter un acharnement de Astaroth sur ma personne, qui mènerait à terme à mon élimination. En parlant de colère, un évènement s’abat sur mon poulain, détruisant ses objets et réduisant son prestige. Qui est le scélérat responsable de ce coup bas ? Mammon, te sentirais-tu en danger ?

Jour 20. J’évolue à bon rythme, enchaînant avec la colère 4 puis le jour d’après le cinquième niveau de prophétie. Le conclave lance un vote dans le but d’aider un joueur à gagner plus de prestige à chaque tour. J’obtiens de peu la majorité grâce au vote de mon partenaire de rang supérieur, Mammon. Belzebuth m’écrit. Il apprécie mon vote de soutien et m’informe avoir fait de même à mon égard. Une relation amicale s’installe avec ce quatrième et dernier adversaire, jusque-là en retrait.

Le lendemain marque un tournant dans ma stratégie défensive. Je promeus ma légion grâce à un évènement puis invoque un premier marcheur des abysses. Je vais le placer… juste à côté de ma légion, pour le chasser immédiatement. Malheureusement ma chance vire de bord et le marcheur apparait avec un stratagème qui place la phase de mêlée, ma faiblesse, en premier. 10 dégâts contre 0, il raye ma légion de la carte. Cette échec ne passera pas inaperçu et me vaudra les moqueries de mon voisin… Je me trouve dorénavant sans défense et Astaroth en profite pour m’extorquer des ressources. Sans légion à lui envoyer en pâture j’accepte le racket, évitant ainsi la potentielle capture de l’intégralité de mon territoire et donc mon élimination. J’obtiendrai par la suite un lot de consolation au doux parfum d’ironie : la restructuration bureaucratique, une carte évènement qui annule les requêtes et vendettas actives. Elle saura trouver son utilité plus tard.  Nous sommes au 24ème jour et j’atteins enfin le sixième et dernier niveau de prophétie.

Faible, moi ?

Ma faiblesse fait peine à voir. À tel point qu’un marcheur s’attaque au théâtre de la paresse ! Le lieu repousse l’agresseur puis redevient neutre, las d’appartenir à un si triste archidémon. Astaroth en reprend le contrôle et si l’idée me réjouit, je regrette de ne pas lui offrir une légion à abattre pour y parvenir.

Il ne faut cependant jamais se fier aux apparences. Derrière ma façade qui tombe en lambeaux la forteresse turbine dans l’ombre et j’enchaîne les conspirations. Puis je reconstitue une armée avec le recrutement de la cavalerie abyssale, unité faiblarde mais mobile, missionnée pour tuer le marcheur qui rôde près de ma forteresse.

27ème jour. Astaroth se lance dans une longue marche autour du globe. Cherche-t-il à posséder un accès vers chaque joueur, à museler ces derniers ? Cette intention me plaît. Pourtant il m’agace un peu, avec sa légion à ma frontière. Faute de pouvoir indéfiniment courber l’échine, je dois montrer les crocs. Le rituel de regard maléfique sur les sœurs de la flamme fera l’affaire. Un mouvement de travers et elles finiront en cendre.

Le tour 30 marque l’arrivée d’un nouveau vote. Préférons-nous inverser l’ordre des tours ou le mélanger ? Je vote pour la première option, qui me permettrait de jouer avant Astaroth. Sans douter un instant de ce qui se trame en coulisse, lui et Mammon opteront pour le même choix. Je jouerai donc avant mon poulain mais après mon partenaire.

Clap de fin pour la paix

La sérénité laisse place à l’inquiétude quand Astaroth et Mammon invoquent en masse des marcheurs des abysses pour améliorer leur légion. Le message est clair : fini le pacifisme. Tous les joueurs investissent dans des artefacts, dans des préteurs et dans des unités. Tous sauf moi qui n’achète que le strict minimum. J’ai un autre plan. Et il nécessite beaucoup de ressources. Cela tombe bien, ma légion abattue de façon ridicule réapparait enfin.

Le Léviathan revient et cible les possessions de Belial. Mammon déclare la guerre à Belzebuth et annexe sans sourciller le bois des suicides. Astaroth continue quant à lui d’invoquer des marcheurs. Il les abat à la chaîne et ses légions deviennent terrifiantes. Puis il rapproche ses forces de moi…

Quel soulagement quand le Leviathan, ivre de colère, attaque ma marionnette par le nord et élimine une de ses légions. Son territoire devient sans défense. Je profite de ce revers psychologique pour espionner sa forteresse, gonfler ma légion avec un stratagème et exiger un tribut de sa part. Astaroth se sent en danger et accepte mon extorsion. Bon choix. Je profite de ma position dominante pour le convaincre de partir en guerre contre Belial qui grimpe discrètement vers la place de favori. Je l’aime bien Belial, mais le vainqueur doit être Astaroth. Cependant, une question me turlupine. Mon pantin vient d’acquérir le dévoreur, unité colossale camouflée dans un artefact que l’on peut invoquer le moment voulu. Que prévoit-il avec une telle bête ?

Le Leviathan revient à la charge et libère une nouvelle fois le théâtre de la paresse. Je réitère le schéma de la fois précédente et réalise au passage 2 conspirations de combat. Allez Astaroth, ta légion faible suffit pour éliminer ma cavalerie et reprendre le théâtre. Viens gonfler ton prestige. Viens…

L’avènement de Astaroth…

Encore 10 jours avant les délibérations. Loin du danger, j’encercle le Pandémonium et termine le développement des 5 domaines de compétence. Astaroth est en tête, sa guerre contre Belial se déroule à merveilles, j’exulte.

Enfin presque. Mammon ne dit rien depuis un moment mais je lis en lui. Il se blinde d’artefacts toujours plus puissants et de ressources. Il se constitue une belle armée. Je n’aime pas son silence qui en dit long sur ses intentions. Son prestige grossit à un rythme inquiétant. S’il continue de la sorte, il passera devant Astaroth. Dois-je l’affronter au risque de lui faire gagner du prestige ? Je préfère attendre un peu…

Car le furieux Astaroth me régale avec sa démonstration de force. Il neutralise en un seul tour et avec férocité les deux légions du célèbre manipulateur, avant de charger en direction de son lieu de pouvoir. La bouche en cœur, je lui préconise de tracer un nouvel accès vers Mammon avant la capture. Mon allié en difficulté me demande de l’aide mais il en est bien entendu hors de question. Je refoule sa proposition avec tact.

Voyant Astaroth s’approcher, Mammon préfère prévenir que guérir. Plutôt que subir une guerre, il préfère la superviser. Il extorque donc mon champion par anticipation, planifiant certainement un duel de préteurs. Anxieux du fait de ma présence près de ses frontières, le scélérat s’essaye ensuite à l’espionnage. Je résiste par chance au rituel et tente un gros coup de bluff qui fait mouche. Gros soulagement, ce rituel aurait pu dévoiler ma couronne et donc mon plan ! Bon, dans le doute j’utilise quand même un évènement de clôture éthérique pour gagner du temps et investis dans un manuel de prophétie.

Jour 45. Les récentes victoires militaires de Astaroth lui accordent une belle avance mais mon poulain ne compte en rester là. Il approche simultanément trois légions de Mammon et une quatrième de Belzebuth, monarque sans armée malgré lui.

… ou bien celui de Mammon ?

Un Belzebuth sauvé in extremis par le recrutement des Fils de Typhon, entité colossale aussi imposante que destructrice. Envahi par la crainte, je ne peux qu’assister impuissant au lourd revers que le géant inflige à la légion de mon champion.

Sans surprise, Mammon affronte Astaroth dans l’arène. Avec son charisme et ses richesses, nul doute qu’il offrira un généreux pot-de-vin à l’arbitre. Je joue ma carte de restructuration bureaucratique pour annuler le combat mais elle ne semble pas fonctionner pour les duels de préteurs. Mammon devient le favori du conclave à deux tours des élections.

Mais comment diable le freiner… Le combattre ? Trop risqué, je ne veux lui donner aucun point de prestige. Par simple prévention j’équipe quand même mes légions de stratagèmes. Puis j’exige d’Astaroth un artefact. L’idée ? L’attaquer dans un combat perdu d’avance pour lui offrir une belle quantité de prestige.

Soudain, un éclair jaillit près de ma forteresse. L’hôte angélique débarque en enfer tel un justicier dans le but de réduire les armées de chaque joueur. Et il commence par moi. Je regroupe illico mes troupes pour maximiser mes chances de survie puis prépare des stratagèmes supplémentaires. Je dilapide littéralement mes ressources. Il vaut mieux ça qu’un affaiblissement à ce stade de la partie.

Mammon devient pourtant inarrêtable. Après avoir réussi un second combat de préteurs face à Belzebuth, il profite de la troisième visite du Leviathan pour capturer sans peine le bois des suicides. Et pour couronner le tout, il dilapide ses ressources dans des offrandes qui lui octroient du prestige.

Pour la partie 2, cliquez ici

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