La nouvelle m’ébranle telle une grenade assourdissante à mes pieds. Quatre ans et trois mois après le début de l’accès anticipé, Door Kickers 2 pointe enfin le bout de son canon. À partir d’une version initiale déjà aboutie, il aura fallu à KillHouse Games 51 mois de travail, d’ajouts et de réglages pour peaufiner son titre à la douce ambition : devenir l’un des meilleurs jeux de tactique existants. Alors, pari réussi ?


Un aller simple pour le Labastan
Door Kickers 2 : Task Force North quitte l’univers grisâtre des SWAT pour une immersion en couleur auprès des forces spéciales missionnées au moyen orient. Un sacré virage pour ce jeu de tactique mêlant planification et exécution en temps réel, qui aborde ici un conflit bien plus létal que le précédent. Troquez votre tazer pour un fusil d’assaut, les forcenés laissent place à des hostiles d’un tout autre calibre. Prenez également une mitrailleuse, un lance-grenades et pourquoi pas un lance-roquettes. Autant de moyens nécessaires pour affronter la menace terroriste qui pèse sur ce pays fictif qu’est le LABASTAN. Si les premiers instants souris en main surprennent, force est de constater que cette nouvelle formule frôle la perfection.






Les 101 Tacticiens
Et pour cause, le vaste panel d’options disponibles pour entreprendre vos missions. Là où le premier volet nous cantonnait à un style particulier d’opérations, la problématique du second ouvre la voie à des approches nouvelles que le moteur du jeu encourage à merveille. Il devient possible de s’infiltrer, en civil ou armé de silencieux, d’intervenir dans l’obscurité équipé de jumelles à vision nocturne, ou même de se frayer un chemin en détruisant des murs… on fait difficilement plus complet. Chaque façon de jouer s’accompagne d’un arsenal conséquent et de pièces d’équipement par dizaines, de la simple flashbang à la pince coupante en passant par l’original poncho, prévu pour camoufler une arme. Mais votre style restera avant tout régi par la faction choisie parmi les trois disponibles :
- Les rangers, faction principale caractérisée par une force brute et efficiente.
- La police du Labastan, milice locale aux moyens limités, plus faible et donc plus difficile à jouer.
- La CIA et ses agents infiltrés capables de se mêler aux ennemis.






Loin d’être gadget, cette personnalisation tactique prend son importance face à l’impressionnante variété de situations présentées. Élimination de terroristes, libération d’otages, capture d’hostiles, désamorçage de bombes, sabotage… on retrouve ici l’ensemble des scénarios types, jouables sur des cartes de petite taille, de vastes terrains ouverts ou de véritables complexes intimidants. Il y en a pour tous les goûts, bien que je reste pour ma part fidèle au petit format sans limite de temps, moins fastidieux que les larges territoires ou les puzzles chronométrés.
Enfin, nos unités gagnent en mobilité et en compétence. Elles peuvent courir, se baisser, franchir des fenêtres ou encore effectuer des tirs de suppression, pour une expérience de jeu plus libre et engageante. La prise en main requiert cependant un petit temps d’adaptation. Si l’interface se maîtrise en quelques minutes, elle se révèle par moment imprécise, notamment lors des actions contextuelles.






Planifier sa mission… ou pas
Door Kickers 2 reprend au bit près le concept du premier volet, à savoir une étape de planification suivie, si besoin, d’un contrôle en temps réel de nos unités. Cependant, le changement de conflit et les améliorations techniques rendent le jeu plus exigeant que son prédécesseur, au risque de réduire l’importance de la première phase.


En partie pour de bonnes raisons, comme l’environnement destructible, le placement semi-aléatoire des hostiles ainsi que le comportement de ces chers Tango. Ils sont en effet dotés d’une ia retord et convaincante, capable de mettre vos talents à rude épreuve. Imprévisibles, ils savent se cacher comme vous charger, effectuer un tir de suppression ou encore éliminer un otage s’ils entendent du grabuge. Grâce à ces comportements variables et dans l’ensemble cohérents, chaque tentative de mission résulte en un scénario différent et donc une difficulté de planification accrue.
Seulement je trouve l’outil trop limité et fastidieux, inadapté au chaos de ce nouvel épisode et désuet face à ce que propose son confrère No Plan B. S’il reste possible de réussir les missions avec un plan unique, comme en attestent les défis présents dans le briefing, le jeu en vaut-il la chandelle ? Car le succès résulte davantage d’une bonne connaissance du niveau (et d’une amélioration de son escouade ?) que d’un sens tactique affûté. La bonne vieille méthode de l’essai-erreur, répétée ad vitam pour peaufiner son tracé et enfin obtenir la victoire. De plus, sans envisager l’intégration d’une ligne temporelle, je regrette l’impossibilité de placer des points de passage en cliquant ou de synchroniser ses unités avec plus facilité.
Le jeu gagne en intérêt avec le temps réel pausable et la planification à la volée. C’est ainsi qu’il brille et procure de superbes sensations, exacerbées par le travail d’orfèvre réalisé sur les effets sonores et visuels. Joué ainsi, Door Kickers 2 est une perle. Une perle prenante et addictive, au bel équilibre entre exigence tactique et potentiel ludique.




Sus à la meta progression !


Door Kickers 2 intègre un système d’expérience visant à améliorer les capacités de vos soldats et de votre escouade. De succès en succès, vos soldats gagneront en efficacité et vous obtiendrez des points à dépenser dans un arbre de compétences propre à chaque faction, pour par exemple tirer avec plus de précision à longue distance ou recharger plus rapidement vos armes. Ce concept représente l’expérience acquise au combat et, comme à mon habitude, je peine à le trouver intéressant. Savoir que le simple fait de jouer apporte aux soldats des bonus non négligeables me laisse perplexe. Comment est pensé l’équilibrage ? Des soldats sans expérience peuvent-ils réussir les scénarios les plus difficiles ? Suis-je victorieux grâce à mes compétences personnelles ou en raison d’unités surpuissantes ? Ce genre d’artifices n’a selon moi pas sa place dans un jeu de stratégie. Surtout quand il possède une telle durée de vie.
Un contenu gargantuesque
Avec 5 campagnes procédurales, 90 missions indépendantes et un générateur intuitif, Door Kickers 2 fait preuve de générosité. À cela s’ajoutent différentes options comme le mode iron man, l’ouverture au modding ou la possibilité de jouer en coopération en ligne jusqu’à 4 (fous rires garantis). Son principal atout réside quand même dans l’éditeur de mission intégré, qui a déjà donné vie à plus de 8000 créations. Un tri s’impose pour séparer le bon grain de l’ivraie puis conserver les types de cartes qui vous plaisent, mais il restera toujours un contenu suffisamment conséquent pour vous lasser avant d’en avoir vu le bout.






Pari réussi pour Door Kickers 2
Que faire face à un tel curriculum, si ce n’est enfoncer une porte -ouverte- de plus ? Grâce à ses nombreuses options tactiques, son moteur convaincant ou encore sa durée de vie proche de l’infini, Door Kickers 2 est une franche réussite. Si mon âme d’éternel pinailleur regrette un système de progression qui n’a pas sa place ou un outil de planification perfectible, je ne peux qu’applaudir devant le travail réalisé sur ce nouvel indispensable du genre tactique.
Intéressé par Door Kickers 2 ? Sa page steam | Tarif : 24€
J’avoue que je me suis arrêté par frustration sur le premier – trop de “on réessaye en changeant juste un poil d’orientation ce personnage dans cette situation sinon tout le monde meurt”.
Ça reste le cas sur ce second épisode. En revanche le temps réel avec pause active gagne en intérêt.