Test de Terminator Dark Fate Defiance

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler aujourd’hui d’un jeu de stratégie en temps réel. Ou plus précisément, d’un jeu de tactique en temps réel, où construction de base et collecte de ressources laissent place à la seule gestion d’une armée sur un champ de bataille. Répondant au doux nom de Terminator : Dark Fate – Defiance, le jeu est édité par Slitherine et disponible depuis le 21 février. Difficile pour moi de vous dire s’il ravira les fans de la licence, je suis en revanche plus confiant sur le fait qu’il plaira à de nombreux amateurs du genre.

En guerre contre Alexa

Terminator : Dark Fate – Defiance (DFD) suit le cheminement instauré par le film éponyme et place le joueur dans un univers post-apocalyptique, sinon apocalyptique tout court, où les machines intelligentes de la Légion et l’humanité s’affrontent dans une guerre de haute intensité. N’ayant pas vu le film, je ne saurai dire à quel degré la licence est respectée et me retiens donc de commenter sur ce sujet, pour me concentrer uniquement sur le titre en tant que jeu de stratégie. Amateur cependant d’univers (post) apocalyptiques et autres joyeuses dystopies, je reste sous le charme de l’ambiance instaurée, même sans connaître la licence. Il faut dire que le moteur utilisé est pensé pour. Rencontré au préalable sur le controversé Syrian Warfare, il offre un rendu de bonne facture accompagné de jolis effets visuels et d’une destruction crédible de l’environnement, qui apportent pour beaucoup à l’appréciation des affrontements.

Un triangle pas vraiment amoureux

3 factions s’affrontent au cours de la campagne et des escarmouches proposées par le jeu.

  • La principale, pour qui est dédiée la campagne, Les Fondateurs. Composée d’ex-soldats de l’armée des États-Unis, on peut l’apparenter à un mouvement de résistance dont le but est relativement clair, traquer et détruire les forces de la Légion. Les Fondateurs forment une faction versatile, mobile et équipée de matériel de pointe, mais relativement fragile et qui se joue donc par le nombre.
  • La Légion, armée des machines cherchant à éradiquer l’être humain. Pour ceux qui se sont arrêtés aux premiers films, la Légion représente une équivalence à Skynet dans l’univers de Dark Fate. Leur spécificité : une grande puissance compensée par une faible vitesse.
  • Le Mouvement, plus original, dont les mécaniques tournent autour d’une gestion de flotte et du déplacement incessant de camions poids lourds et de véhicules légers équipés façon Mad Max. Une faction rebelle qui nécessite une bonne micro-gestion, notamment face à une artillerie qui se délecte de votre immobilité, mais rafraîchissante souris en main.

Une campagne au cœur du jeu

À l’heure où j’écris ces lignes, Terminator DFD est principalement un jeu solo tournant autour d’une campagne d’une vingtaine d’heures. Mettant en scène les Fondateurs lors de leur traque de tout grille-pain un tantinet agressif, elle fait voyager le joueur des États-Unis au Mexique, rencontrant rebelles et milices locales et recherchant un soutien pour affronter la Légion. Elle se compose d’un volet stratégique léger, où le joueur gère la logistique de son armée avant de rejoindre la prochaine zone dans laquelle se déroulera une mission de tactique en temps réel.

Ce pan stratégique est plutôt surprenant. Il vous demande en effet de gérer vos effectifs unité par unité, de sa santé au carburant en passant par les munitions de chaque arme. Si je ne suis pas nécessairement friand de ce type de gestion, lorgnant par moment vers la tenue de compte d’apothicaire, ce dernier reste bien fichu et permet de commercer pour faire évoluer son armée. Achat et revente d’unités, mais aussi de nouvelles armes, de capacités ou encore de blindage, que vous équiperez comme bon vous semble pour améliorer vos escouades et véhicules. Mais surtout, il se transpose sur le volet tactique, avec une gestion intéressante desdites ressources sur le terrain. Je reste toutefois sceptique sur l’intérêt de la jauge de réserves journalières, qui n’apporte qu’une contrainte pressante et artificielle sans apporter grand chose au plaisir de jeu.

Une fois en mission, le joueur ne sera pas dépaysé s’il a déjà touché à un STR. Scénarisées, les missions requièrent essentiellement de capturer ou défendre des zones, obligatoires ou optionnelles, pour finir par l’extraction de vos unités une fois que vous estimez en avoir terminé avec le secteur. Ajoutant un zeste de liberté, vos choix sur le champ de bataille influent à leur tour sur la campagne, modifiant ainsi les troupes (et plus si affinité) que vous affronterez ultérieurement.

Paradoxalement, j’éprouve des sentiments mitigés quant à la qualité de cette campagne, pas déplaisante mais dirigiste et scriptée. Le système de jeu est bon, une campagne dynamique, ou du moins plus ouverte, aurait été grandiose. Cette sensation est exacerbée lors de certains passages, plus scriptés et particulièrement punitifs pour ne pas dire mal calibrés, où le joueur peut se retrouver en grande difficulté s’il n’a pas joué comme espéré par les développeurs. La Mission Nueva Tortuga est un exemple parlant, vivement critiquée sur la toile alors qu’elle fut triviale pour une partie des joueurs.

Surprenant sur le plan tactique

Terminator DFD est un jeu relativement difficile, où la stratégie de foncer en masse sur un objectif ne vous apportera que débris, cadavres et désolation.

Choyez vos unités à travers une micro-gestion accessible mais un tant soit peu poussée des escouades. Formations à adopter, positions debout ou couché, utilisation de différents consommables (fumigènes, grenades à impulsions électro-magnétiques, c4…) ou encore de mouvements spéciaux, la palette est complète sans virer dans l’indigestion. Utilisez également à bon escient les lignes de vue (malheureusement estimées à la louche) et les bâtiments. Comme tout bon titre tactique ces derniers sont un élément central et convoité du jeu, augmentant de façon très nette l’espérance de vie des unités qui s’y trouvent. Outre le déversement de munitions pour déloger un adversaire, le joueur peut d’ailleurs faire appel à un ordre d’assaut, où l’escouade progresse peu à peu vers le bâtiment en tirant sur l’ennemi, pour l’affronter ensuite au corps à corps.

Mentionnée précédemment, la logistique fait également partie intégrante du plan tactique. Toutes les munitions tirées sont définitivement perdues et vous risquez de rapidement vous retrouver sans roquette alors qu’une nouvelle vague de blindés ennemis rapplique. Pour atténuer cette problématique, une option fort appréciable que je rêve de voir dans Combat Mission, vous pouvez désactiver manuellement les munitions à conserver et forcer l’utilisation d’une arme en particulier. Mais la vraie solution réside dans l’utilisation des camions, qui arpenteront au fil de vos clics le champ de bataille, tractant différentes remorques, de la caravane à l’artillerie par le sacro-saint conteneur de ravitaillement.

Dans Terminator DFD, les véhicules se composent de différents modules, à la façon d’une simulation légère, qui impacteront le fonctionnement de l’engin s’ils sont endommagés. Un canon explosé et votre tank ne pourra plus tirer d’obus. Des chenilles détruites et il n’ira pas plus loin. Loin d’être une fatalité, le joueur peut à l’aide d’une équipe de mécaniciens réparer en quelques secondes le véhicule, qui repartira frais comme un gardon si l’adversaire ne l’a pas définitivement détruit avant. N’hésitez d’ailleurs pas à récupérer et retaper tout véhicule abandonné, tout est bon à prendre dans cet univers aride.

Enfin, option sans laquelle je n’aurai peut-être pas rédigé cette critique, Terminator DFD incorpore une pause active. Vous pouvez donc prendre tout le temps nécessaire pour analyser la situation et donner vos ordres, sans tomber dans une forme de précipitation ou de recherche d’optimisation de votre apm (actions par minutes).

Au final, les batailles se révèlent à la fois cérébrales par leur potentiel tactique tout en proposant une ambiance hollywoodienne détonante, riche en effets spéciaux et explosions. Un équilibre intéressant et pas déplaisant, au petit goût de reviens-y.

Un mode escarmouche qui vaut le détour

N’ayant que rarement une appétence pour les campagnes dans les jeux de stratégie, je gravite en général autour des batailles rapides et autres scénarios indépendants, sur lesquels je m’amuse davantage. Terminator DFD ne fait pas exception et je préfère le lancer, malgré sa campagne travaillée, pour un duel au format rapide.

Le jeu propose en effet un mode escarmouche solo et multi-joueurs (jusqu’à 4), faisant fi du volet stratégique pour se concentrer sur les batailles tout en gardant les spécificités tactiques et logistiques présentées plus haut.

Contrairement à la campagne, l’escarmouche permet de jouer les 3 factions à travers deux modes de jeu, au chronomètre réglable :

  • La domination, où les joueurs luttent pour le contrôle de cinq zones, aidés par un budget de renforts alloué à intervalles réguliers.
  • L’assaut, où l’attaquant repousse la ligne de front en capturant les objectifs tenus par l’autre joueur.

Et pour ainsi dire, c’est l’éclate. Un bon STR pur jus, où l’on oublie les contraintes de la campagne pour se faire plaisir avec les différentes unités, décortiquer les spécificités de chaque camp et s’affronter au cours de batailles rythmées aux multiples fronts.

Ombre au tableau, il faut reconnaître que le contenu est à ce jour un peu chiche. Bien que pensées pour être rejouables, les cartes sont peu nombreuses : 3 pour le mode domination et 1 pour l’assaut. Le manque de variété se fait sentir et une poignée d’environnements supplémentaires n’aurait pas été du luxe. Ceci dit, les développeurs ont prévu dans les prochaines semaines une mise à jour pour étoffer ce pan du jeu. Nouveaux modes de jeu (dont de la coopération), nouvelles cartes… je suis curieux et impatient de voir ce que nous réserve cette mise à jour, à mes yeux indispensable, sur le plan quantitatif.

Quelques réserves

Malgré mon engouement pour le système tactique élaboré, je reste dubitatif à l’égard de certains choix des développeurs.

Vous vous en rendrez vite compte, la campagne est relativement difficile malgré les différents niveaux de difficulté. On ne parlera pas de défaut quand le défi vient de la réflexion tactique, tant c’est quelque chose de rare, mais certains joueurs pourraient être rebutés par l’exigence de l’ensemble. En revanche, les quelques passages mal calibrés relèvent clairement d’un défaut de conception. Apparition juste en face des lignes ennemies, missions interminables face à des hordes incessantes sans aucune information alors que les munitions sont -très- limitées, scripts dévastateurs soudains, objectifs secondaires mais “obligatoires”… Pas étonnant que certains joueurs se laissent tenter par la pratique du save scumming, dont le procédé consister à régulièrement enregistrer la partie et la recharger en cas d’échec jugé trop important, de peur de se retrouver bloqué et devoir recommencer une -longue- mission.

Le jeu tactique n’est pas non plus exempt de reproches. L’absence d’outil ou d’indicateur pour vérifier une ligne de tir ou un point de couverture se fait ressentir, rendant certains échanges brouillons. Il manque également un vrai zoom arrière permettant d’obtenir une meilleure visibilité sur le champ de bataille. Même éloignée à fond, la caméra est proche et je m’y sens à l’étroit au vu des distances d’engagement importantes. Enfin, le pathfinding est perfectible, avec des véhicules au comportement parfois inquiétant et laissant présager d’un degré d’alcoolisation du chauffeur bien au-delà des limites légales.

Plus lourd, chaque mission se termine par une extraction des unités via une petite zone en bord de carte. Si l’idée n’est pas gênante en soi et se justifie par la possible perte d’effectifs au croisement d’un groupe ennemi, il faut malheureusement extraire toutes les unités pour terminer la mission, même le conducteur à moitié mort à l’autre bout de la carte, délaissé plus tôt après la destruction de son véhicule.

Pour finir, l’interface présente des bugs d’affichage, avec des textes qui se superposent comme vous pouvez le voir sur certaines captures.

Pas d’obsolescence pour le genre STR

Bien que perfectible, ce Terminator Dark Fate Defiance reste une belle surprise. Je n’en attendais absolument rien avant sa venue, pour au final ressortir convaincu par son système de jeu. Un titre tactique et exigeant doté d’une bonne ambiance, qui aurait mérité une meilleure campagne et un contenu moins avare pour l’escarmouche dès sa sortie. Plusieurs mises à jour sont prévues, gratuites et payantes, dont de nouvelles campagnes en espérant qu’elles soient mieux ficelées ou plus ouvertes que la première. Je replongerai tout de même de temps en temps, et avec grand plaisir, dans son univers pour une escarmouche de 20 ou 30 minutes qui mettra à rude épreuve mon sens tactique. 2024 est décidément une bonne année pour le jeu de stratégie en temps réel.

Pour en savoir plus, la page steam du jeu. Amateur de STR ? 2024 sera une année intéressante pour vous.

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