USC Counterforce : la relève de Xcom ?

*Critique basée sur une version de novembre 2023. Bien que positif, l’article ne mentionne pas les améliorations et nouveautés survenues ultérieurement.*

J’ai une préférence en matière de jeux tactiques pour les titres en 3D. Naviguer sur le champ de bataille, l’observer sous tous les plans, apprécier le mouvement des différentes unités… Les plans fixes, j’ai toujours eu du mal. Pourtant, la 2D et l’isométrique regorgent de grands jeux, tels que les premiers Xcom ou, plus récent, la série Xenonauts. Excepté le thème SF et l’affrontement d’extra-terrestres, ces titres ont en commun une belle profondeur de jeu et l’utilisation d’unités de temps au lieu du système de double action apparu avec Xcom : Enemy Unknown, permettant sur le papier une plus grande ouverture tactique.

Angry Cat studios puise son inspiration dans ces classiques, ainsi que dans Templar Battleforce, pour le développement de Ultimate Space Commando Counterforce, en accès anticipé depuis le mois de juillet. Sans surprise, vous êtes à la tête d’un groupe d’assaut chargé d’enquêter sur une menace extra-terrestre qui, sans surprise, vire au cauchemar. Si USC Counterforce ne gagnera pas le prix de l’originalité, ni pour son thème, ni pour son titre, il offre cependant un gameplay hautement tactique et rejouable, qui plaira aux amateurs de cette niche mais certainement aussi à un nouveau public.

Combattez comme vous êtes

A l’instar de Xcom, la partie commence par la création d’une escouade que vous enverrez au casse-pipe.

Pas de classes prédéfinies ici, mais une allocation libre de points vers 9 spécialités, puis l’attribution de 2 capacités passives. Si l’on erre là en terre bien connue, une mention tout de même pour le talent Mental Conditioning, plus original, qui améliore la capacité de votre soldat à supporter la boucherie qui se déroule sous ses yeux. Un soldat faible psychologiquement sera un véritable fardeau, enclin à vite paniquer ou péter un câble et devenir un danger pour le reste de l’équipe. Attention à ce détail, tout peut vite partir en cacahuète sur la planète M-8322.

Le système d’inventaire, visible sur la même capture, ressemble également à celui d’un jeu de rôle. C’est la barre en bas de l’écran, que vous remplirez d’armes, munitions, armures et gadgets. Enfin, l’escouade possède un coffre de stockage, permettant de changer son approche entre deux missions sans se délester péniblement du matériel déjà acquis.

Le jeu n’est pas avare en équipement et propose près d’une cinquantaine de choix différents. Pour l’arsenal, les développeurs sont allés à l’essentiel avec un modèle de chaque type, soit une vingtaine d’armes au total, de la hache à la tourelle. Côté outils, Angry Cat Studios régale, avec une dizaine de produits de soin ou de dopage, un large panel d’outils de scan ou de piratage, des protections… un véritable catalogue de tacticien.

Une fois votre escouade constituée, vous êtes prêt à partir en mission ! Si la campagne, cœur du jeu, est prévue pour une prochaine mise à jour, les joueurs peuvent d’ores et déjà exercer leur sens tactique avec des missions uniques ou des opérations (2 missions à la suite sans retourner à la base). Au menu, un générateur proposant 4 objectifs différents et 8 types de cartes, pour une variété de missions acceptable.

Après avoir appréhendé le système, et accrochez-vous car le jeu est rude, vous pourrez vous essayer à la défense de base. Plus difficile, ce mode intègre une étonnante couche stratégique et pourrait presque être vendu comme un jeu à part entière. Loin d’un simple exercice de défense face à des vagues d’ennemis, vous devez construire bloc par bloc votre base et miner des ressources pour marquer des points, tout en repoussant les assauts aliens.

Chaque mission réussie se soldera par un gain de matériel et d’argent, nécessaires pour faire évoluer votre escouade. Les développeurs ont également jugé bon d’ajouter du matériel à débloquer via des défis, système de progression « meta » cher à de nombreux joueurs mais qui me débecte au plus au haut point. Laissez-moi jouer avec une tourelle si j’en ai envie ! (*MaJ février 2024, un système moins contraignant a vu le jour pour convenir à tous les profils*)

En Mission

USC Counterforce opte pour une vue du dessus (top down) et une construction de niveaux à grandes cases, donnant au titre un air de jeu de plateau.

Graphiquement, le jeu est capable d’afficher un rendu mignon mais manque de lisibilité une fois dans l’action. L’ambiance, elle, est bonne. Claustro à souhait et proche d’un survival horror, elle doit son salut à un gadget inutile et donc indispensable : la caméra épaule. Située en haut à droite de l’écran, cette caméra à vision nocturne montrant le point de vue de votre soldat ne sert à rien sur le plan tactique mais représente une agréable addition pour l’immersion.

Une richesse tactique indéniable

Science-fiction oblige, USCC cherche à atteindre les étoiles et c’est le plan tactique qui bénéficie du voyage. Les bases sont présentes, avec une évidente importance pour le positionnement de vos troupes et une optimisation des lignes de tir, mais pas seulement.

Vos soldats sont pour une fois dotés de capacités physiques pour le moins… appréciables. Ils peuvent sauter par-dessus des obstacles, mais aussi les pousser ou les tirer, utile pour se frayer un chemin ou barrer la route aux ennemis qui ne manquent pas de vivacité.

Chaque arme bénéficie de deux modes de tir influant sur divers paramètres. Sur les dégâts et les munitions consommées bien sûr, mais aussi sur la zone d’effet de l’attaque ou le nombre de points d’action requis. La traditionnelle surveillance de zone est aussi de la partie, classique mais efficace comme on aime. Contrairement aux attaques de base, sa portée ne présente pas de motif de cases éligibles (cf. capture, motif en étoile du fusil d’assaut) et peut toucher sur un large cône devant le soldat.

A l’instar des jeux dont il s’inspire, USCC utilise le système d’unités de temps pour effectuer des actions. Et avec une bonne optimisation des personnages, il en donne vraiment beaucoup, des unités de temps. Le joueur peut donc effectuer une grande quantité d’actions à chaque tour et tirer à de nombreuses reprises, dans l’ordre qu’il souhaite, tout en pouvant changer à la volée de soldat grâce à l’absence d’initiative. Une excellente chose, avec des réserves cependant sur ce surplus de points et l’équilibre conçu autour de ce système. Tous les joueurs n’apprécieront pas le rythme qu’il impose, pouvant être perçu comme fastidieux, notamment lorsque l’on clique 5 ou 6 fois d’affilée pour tuer un alien ou que l’on joue avec beaucoup d’unités.

USCC intègre également de l’interaction avec l’environnement. Les murs sont destructibles, les divers contenants (déplaçables) peuvent s’enflammer ou déverser des éléments, on peut souder des portes, refermer des trappes… au vu du défi proposé, ne négligez pas l’analyse et l’utilisation du terrain et mettez en place pièges et synergies. Pourquoi vider un chargeur sur un ennemi quand on peut le geler puis le casser ensuite ? Les ennemis sont nombreux ? Établissez un court chemin à la façon d’un tower defense !

Un défi corsé

USCC est un jeu difficile. Dès le premier tour de jeu, vous serez accueilli par une horde d’ennemis vifs et puissants qui se jetteront sur vous. Loin du système courant de pods -groupes qui s’activent dès que l’on s’approche d’eux-, la quasi-totalité des ennemis de la carte sont immédiatement alertés. Et ils sont nombreux les bougres, potentiellement une centaine sur les grandes cartes. Et solides pour la plupart…  

Pas de honte, le cas échéant, à vouloir jouer façon Killing Floor, avec la mise en place d’une tactique de défense statique face à ces ennemis qui surgissent tour après tour. Malheureusement -ou fort heureusement au contraire- cette stratégie ne vous mènera à la victoire que sur les niveaux les plus faciles et il faudra trouver un plan plus mobile et recherché pour réussir vos objectifs sur les difficultés supérieures. Outre le gaspillage de munitions, l’immobilité est synonyme de suicide collectif. Rester groupés ? N’y pensez-pas, les aliens vous cracheront des boules de poison ou vous terrasseront d’un coup de griffes. Pas de stratégie concrète à donner, analysez l’environnement, construisez un groupe qui vous correspond et adaptez-vous.

Une chose encore, vos soldats sont susceptibles de subir différents états : saignement, brûlure, poison, moral en berne… USCC est extrêmement punitif.

Le jeu est tellement difficile que je soupçonne un déséquilibre sur la version actuelle. Malgré 7 niveaux de difficulté, l’écart entre les modes facile et standard (respectivement niveaux 2 et 3 sur 7 !) frôle parfois le burlesque et je n’imagine pas les suivants. La faute peut-être à un défaut du générateur de mission, ou d’un mauvais réglage en rapport avec le nombre de soldats en jeu (le nombre d’ennemis s’adapte à la taille de l’escouade), mais le jeu me paraît bien plus facile avec moins de soldats dans le groupe et il redevient plus facile avec 2 escouades plutôt qu’une (les embouteillages aliens, peut-être). Jouez avec les différents réglages pour éviter tout sentiment de frustration, vous faites éventuellement face à un gros déséquilibre. En l’état, je ne recommande d’ailleurs pas ce jeu pour s’initier au genre tactique, il est bien trop dur et vise un public averti.

Option rarissime, il sera possible de jouer en coopération ! En local sur le même PC ou en ligne, vous aurez le plaisir de subir avec vos amis la colère de ces voisins intergalactiques peu enclins au dialogue.

Quid de l’état du jeu ?

L’ensemble s’avère stable et proche d’une version finale. Je regrette un manque de lisibilité par moment, ainsi qu’un rythme parfois poussif en jouant de gros scénarios ou avec une grande escouade, rien de bien méchant cependant.

Un bel avenir

Pour seulement 20€, USC Counterforce se montre robuste et ambitieux. Sous son aspect générique se cache un titre à l’ambiance réussie et dont la finesse de son gameplay régalera les tacticiens les plus aguerris. Je ne maîtrise pas suffisamment ses rouages pour en profiter pleinement, mais j’imagine très bien le plaisir que doivent éprouver les experts face au champ de possibilité offert. Une belle surprise… que j’adorerai voir en 3D !

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