Test | ICBM : Escalation

En cette fin d’année, le nucléaire est à la mode. Après Millennia et son exploration du sujet entre utopie et désolation, Slitherine saute à pieds joints dans le thème anxiogène du conflit mondial avec ICBM : Escalation. Au programme : des échanges conventionnels puis beaucoup, beaucoup, de mégatonnes de partage.

100 ans de conflits post-WW2

ICBM : Escalation est un jeu de stratégie en temps réel à l’échelle planétaire. Penchant arcade de Command Modern Operations, moins complexe mais plus ludique que ce dernier, il place le joueur à la tête d’un bloc continental enlisé dans un bourbier géopolitique mondial prêt à exploser. Les joueurs évoluent ainsi progressivement d’une phase de paix vers un conflit nucléaire, en passant cette fois par une période de guerre conventionnelle plus évoluée que sur le premier opus.

Ce titre se présente sous 2 modes de jeu : la campagne et le mode libre. La campagne dépeint 11 scénarios historiques -revisités- et futuristes, de la guerre de Corée en 1950 à un conflit ultime prévu pour 2047. Une campagne à l’échelle et à la complexité croissantes, qui présente un défi relevé. Dès la deuxième mission, l’affaiblissement de Cuba, on comprend vite l’intérêt de s’en tenir autant que possible à la guerre conventionnelle et d’utiliser à bon escient les équipements pour mettre en place une stratégie interarmes. Comme par exemple, effectuer un survol de l’île avec un avion espion, détruire les défenses côtières à coup de missiles balistiques puis organiser un débarquement avec plusieurs divisions pour capturer Cuba.

Le mode libre se ramifie quant à lui en trois variantes plus ou mois expéditives, comme le Blitz qui épure le jeu à son maximum pour ressembler au premier épisode, ou le mode conquête qui à l’inverse propose une expérience complète et beaucoup plus longue. Mais le mode libre reste entièrement personnalisable. Technologies débloquées ou à l’inverse verrouillées, conditions de victoire… et plus d’une vingtaine d’options réglables via des curseurs. Le but du jeu : marquer un maximum de points en capturant ou détruisant les villes ennemies avant que la planète ne devienne une poubelle radiaoctive.

Un équilibre entre recherche et production

Dans ICBM le joueur jongle entre la recherche technologique et la production d’unités, toutes deux régies par un même curseur.

Face à la menace qui se profile, le volet production sert à produire des bases et des forces afin d’assurer notre défense ou de préparer un assaut. Divisé en 10 catégories, le panel d’unités inclut du classique comme l’armée de terre, de l’air ou la marine, puis du plus exotique comme les armes chimiques, biologiques, les radars ou les satellites. Et bien sûr, tout le nécessaire pour un échange diluvien de projectiles nucléaires, du silo à la plateforme ICBM en passant par différents types de bombes et de missiles, produits à l’unité. Bien que réduite à son plus simple appareil, une unité par type, la sélection reste intimidante.

Seulement, la production est en opposition avec la recherche. ICBM intègre des arbres technologiques, eux aussi classés par catégorie et par périodes, qui permettent d’améliorer son arsenal ou l’efficacité de son camp de façon générale. L’assortiment proposé est coquin et laisse songeur quant aux stratégies possibles. Et c’est à vous d’allouer à votre convenance et selon vos besoins vos ressources vers la science ou vers l’épée. S’il y a urgence, il vaut peut-être mieux attribuer 100% de votre capacité à la production afin de sortir plus rapidement vos chars de l’usine. Puis lorsque la tempête passe, réduire ce niveau, au pourcent près, vers la recherche, pour ne pas vous retrouver avec une armée obsolète. La mécanique, aussi simple soit-elle, fonctionne bien et génère de jolis noeuds au cerveau. Elle demande d’ailleurs de la pratique. Dans un premier temps pour comprendre les différences entre les unités et les technologies (malgré les descriptions expansives), et plus encore pour établir ensuite une stratégie et un quelconque ordre de recherche et de construction. Fait appréciable, il est possible de planifier et mettre en liste d’attente nos choix d’évolution et de construction, évitant ainsi de revenir sans cesse sur chaque menu.

La guerre en 5 dimensions

Si les volets de recherche et de production participent à faire de ICBM : Escalation un bon STR, c’est surtout son aspect multi-dimensionnel qui le rend attrayant et stimulant. Malgré son rythme lent, le jeu se révèle intense en raison de la multitude d’informations à traiter, des différents corps d’armée à gérer et de l’échelle pratiquée. Il faut une certaine dextérité mentale pour surveiller son porte-avion en partance vers l’Asie de l’est, pour lancer un assaut terrestre sur Moscou, puis pour repousser les avions de chasse envoyées par l’Afrique du Nord. Tout cela à la fois, en n’oubliant pas bien sûr de protéger votre continent des forces spéciales dévastatrices ou des éventuels satellites susceptibles de déceler une faiblesse dans votre défense. Heureusement, le jeu limite la micro-gestion à une poignée d’options (suivi d’une unité, patrouille, retranchement, changement de munitions…) et se dote même d’une fenêtre pour planifier et coordonner des attaques massives et ciblées.

Les possibilités sont nombreuses, intimidantes même, et nécessitent 5 à 10 heures de jeu pour se sentir à l’aise. Pour vous aider, un tutoriel généreux en 11 étapes vous apprendra les bases. Il ne vous restera plus ensuite qu’à essayer vos compétences en conditions réelles et profiter de la pause active pour prendre le temps d’intégrer les différentes couches stratégiques. Attention, l’ia se débrouille bien sans posséder un quelconque avantage, n’hésitez pas à commencer en facile.

La partie se joue grosso modo en trois temps (optionnels). Une courte période de paix forcée en début de partie laisse le temps aux joueurs de se préparer. Vient ensuite la phase de guerre conventionnelle, véritable jeu de conquête de régions et d’occupation de villes qui se suffit presque d’elle-même. Oui, il est dorénavant possible de conquérir le globe et gagner la partie sans virer au conflit nucléaire. Mais la soif de score poussera les joueurs à transiter vers une guerre d’annihilation. Il y a un petit je ne sais quoi de fabuleux, d’hypnotisant, à regarder les missiles voyager autour du globe et finir leur course dans une lueur aveuglante. Des explosions qui affolent le journal d’évènements. New York : 50 000 morts. Paris : 125 000. Tokyo : 1 millions de décès. L’ambiance déjà tendue des échanges traditionnels devient angoissante une fois la ligne rouge franchie.

Diplomatie et espionnage

L’emploi de la force présente des limites, que la parole et la plume outrepasseront. ICBM intègre un onglet diplomatique complet pour négocier avec les autres blocs. Au-delà des traditionnelles demandes de paix ou d’alliance, les joueurs peuvent créer des collaborations limitées, influer sur leurs implications dans une guerre, sur leur contribution à l’industrie, ou encore échanger du matériel, des renseignements ou des territoires. Il est agréable de voir que l’ia joue le jeu diplomatique, avec une véritable course à l’alliance en début de partie puis des échanges proactifs en cours de jeu.

En parallèle, votre réseau d’espionnage agit dans l’ombre pour obtenir des renseignements sur l’ennemi, lui voler des technologies ou défendre votre bloc des agents adverses. Ou tout à la fois, c’est vous qui choisissez.

Seul, à plusieurs, avec ou sans mods.

ICBM : Escalation se joue très bien seul mais propose également un mode multijoueur jusqu’à 10 stratèges. Les plus compétitifs apprécieront le classement intégré, quand les amis privilégieront un jeu personnalisé en privé. Plus intéressant, le jeu accueille le modding et prend en charge le steam workshop. Ce dernier est encore léger à l’heure où j’écris ces lignes, on y trouve toutefois des modèles 3D, de nouveaux sons, des technologies, des scénarios…

Mon missile ? Pas plus haut que le silo !

Mon premier contact avec ICBM : Escalation fut froid. Initialement le jeu ne m’intéressait guère, même si son thème attisait ma curiosité, car je ne suis pas un joueur de STR. Mais Slitherine me proposa un exemplaire de test, alors pourquoi ne pas laisser une chance à ce titre… Pas plus rassuré par la suite, devant cet écran d’accueil qui m’informe avec finesse que je suis un hippie avec zéro point d’expérience et que je me situe à la 2000ème place du classement. Mais de fil en aiguille, je lâche prise devant les didacticiels bien réalisés puis me prends au jeu. L’ambiance est prenante, le champ décisionnel aussi inhabituel qu’intéressant et le jeu se présente de façon convenable en matière de technique et d’accessibilité. Si l’on n’attend pas de lui une simulation pointue, ICBM : Escalation vaut bien ses 30€.

Intéressé par ICBM : Escalation ? La page steam du jeu

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