Après Dune : Imperium, Ark Nova ou encore Cascadia, c’est au tour de Bullet de bénéficier d’une adaptation digitale. Répondant au doux nom de Bullet: Surge, ce portage développé par le duo Français de Cerbere Games permet aux joueurs PC de découvrir cet ovni survolté situé entre puzzle et jeu de stratégie.


Une formule atypique à succès
Si Bullet est bien connu dans le monde du jeu de société, une brève présentation s’impose pour les stratèges de bureau qui pratiqueront sur une version légèrement revisitée afin de mieux s’adapter au format. Bullet, c’est le rejeton énervé d’un Tetris qui aurait quitté la Russie pour un voyage initiatique au Japon. Le genre Akihabara plutôt que Sekigahara bien sûr, avec son esthétique de manga et son électro-rock entraînant qui colle davantage au rythme imposé.
Le système de Bullet repose sur la gestion de billes -des balles de revolver selon la thématique- colorées et numérotées qui rejoignent la grille de jeu selon un schéma tout simple. À titre d’exemple, une balle verte n°4 se logera dans la colonne verte au 4ème emplacement libre. Si la balle traverse la grille faute de place suffisante vous perdez une vie. Votre but : manipuler les balles et les détruire en formant des motifs pour survivre autant que possible et marquer un maximum de points. Chaque tir est déclenché par vous-même, comme si vous leviez la tête depuis votre couverture pour attirer les attaques ennemies. Vous obtiendrez en contrepartie un point d’énergie utile pour déplacer les balles dans la grille ou piocher de nouveaux motifs. Le jeu consiste donc à trouver un équilibre entre obtenir suffisamment d’énergie et de balles pour réaliser les motifs tirés et laisser suffisamment de place dans la grille pour éviter la défaite. Malheureusement le temps joue contre vous et attaquera, à l’instar d’un tir de suppression, automatiquement à intervalles réguliers afin de maintenir une tension constante tout le long de la partie (sauf en mode classique, cf. plus bas).




Malin, nerveux et terriblement cérébral.
Aussi étrange que cela puisse paraître, cette formule fonctionne à merveille. Imaginez un shooter tactique ou un bullet hell retranscrit en puzzle arcade et vous obtiendrez quelque chose dans l’esprit de Bullet. La grille s‘apparente à un champ de bataille frénétique où les balles fusent et votre survie dépend de capacités cognitives affûtées. Il faut penser vite et bien. Une balle orange arrive prochainement et ma colonne orange est quasi pleine, il faut faire de la place ! Mais si je décale plutôt cette bille verte par ici, je pourrai faire un motif et libérer un plus gros secteur. Seulement, ça me coûtera toute mon énergie et je devrais rajouter plus des balles dans la grille. C’est qu’il se révèle exigent ce Bullet, avec ses motifs complexes à planifier sous pression, ses ressources à utiliser avec parcimonie et son espace de jeu à gérer avec finesse. Cet ensemble offre au titre une appréciable courbe de progression, surprenante mais bien visible.
Question d’enfoncer le clou, Bullet joue de plus la carte de l’asymétrie, avec 8 personnages aux styles bien distincts et aux motifs spécifiques. Changer d’héroïne revient à changer de paradigme et exige une approche différente malgré la grille identique. J’ai par exemple un faible pour Young-Ja Kim, qui se sert des motifs pour déplacer les balles et les éjecter hors de la grille au lieu de les détruire. Je lutte en revanche davantage pour appréhender Adelheid qui transforme les balles en notes musicales multicolores sans valeur numérique et utilise des motifs tortueux. Ici siège le principal défaut de Bullet, qui explique via un simple tutoriel les bases mais gagnerait à mieux présenter chaque personnage (seule une brève description les accompagne). La bonne vieille méthode de l’essai erreur nous revient ici plus forte que jamais et il faut se préparer à perdre beaucoup pour prendre ses marques. Ce n’est toutefois pas une fatalité, les parties durent seulement quelques minutes lorsque nous débutons.






Pas révolutionnaire mais très bien fichu
Je dois vous confesser mon sentiment de crainte lors du premier lancement. Les mangas c’est pas trop ma came et les délires avec les fillettes d’animés encore moins. J’ai donc eu peur que la thématique prenne trop de place devant le système de jeu. Mais si au final elle s’avère bien présente, autant sur le plan visuel que sonore, elle n’éclipse en aucun cas les mécaniques. À vrai dire, on n’y prête pas plus attention que ça, concentré à 100% dans l’action. Pire, on se dandine machinalement sous cette musique étrange qui nous motive comme si notre survie en dépendait. Et loin du chaos caractéristique des jeux asiatiques nerveux, Bullet fait preuve d’une lisibilité appréciable. Bref, plus de peur que de mal.
Niveau contenu, Bullet : Surge propose un Score Attack (réaliser le meilleur score), 8 combats de boss et du duel en ligne. Un mode Classique est également de la partie pour offrir une expérience plus proche du jeu de plateau, sans chrono et avec un système de gain d’énergie différent. Plus zen mais pas plus facile, cette addition intéressante permet de varier les plaisirs et de toucher un plus large public.
Bullet : Surge réussit donc sa transition vers le monde numérique et demeure un candidat idéal pour de courtes mais intenses sessions de jeu. En revanche, à moins d’être un féru du style arcade vous ne passerez peut-être pas vos soirées dessus. Aussi profond et amusant soit-il, Bullet reste après tout un “simple” jeu de manipulation de billes. Un jeu épuisant de surcroît. Un jeu qui trouvera une place de choix dans un coin du SSD tout en sachant que vous privilégierez en général quelque chose de plus adapté à de longues séances. Si cela vous convient, vous pouvez vous lancer dans cette bataille d’un nouveau genre les yeux fermés. Ou presque, puisqu’une démo permet de vous faire une première impression.






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