Dans un univers parallèle où l’homme n’a pas su s’adapter au dérèglement climatique, des castors civilisés tentent à leur tour de survivre. Un bien drôle de synopsis que voici, derrière lequel se cache un ambitieux et remarquable citybuilder : Timberborn.


Père castor tourne la page
Pas d’histoire pour aujourd’hui, votre communauté de castors se trouve en danger face aux cataclysmes grandissants. Vivant dans un monde où alternent saisons florissantes et périodes de sécheresse ou de contamination des eaux, votre objectif initial est de fonder une cité capable de survivre à ces phases critiques qui s’étendent de plus en plus. Mais passé les premiers cycles déterminants, Timberborn se transforme en bac à sable permissif sans autre objectif que celui que vous vous fixerez. Il y a bien sûr des directions “évidentes” comme survivre aux cataclysmes de 30 jours, construire les merveilles ou atteindre le niveau de bonheur maximal. Pour le reste c’est vous qui voyez, sachant que le jeu tend vers le citybuilding reposant et favorisant l’expérimentation. À titre personnel je n’adhère pas à l’idée, préférant de façon générale des objectifs définis par le jeu et des parties plus excitantes. Timberborn reste néanmoins un incroyable bac à sable, le minecraft du Citybuilding, où chaque carte expose un puzzle d’ingénierie ouvert grâce à un ensemble de mécaniques qui ouvrent le champ des possibles.




De l’eau d’ici puis de l’eau de là
Dans votre quête de survie, il faudra tout d’abord assurer à votre colonie une production suffisante d’eau potable et de nourriture, toutes deux dépendantes des rivières et lacs présents sur la carte. Ces sources d’eau simulées en temps réel irriguent les sols environnants, les rendant ainsi propices à l’agriculture, et accueillent les infrastructures nécessaires pour que vos castors puissent boire et faire trempette en toute sérénité. Si le niveau et le débit d’eau varient au cours de la partie, ces précieuses oasis tarissent ou finissent contaminées lors des cataclysmes et tuent vos cultures et vos plantations. Mais alors, que faire ? Allouer de gros moyens pour stocker toujours plus de ressources dans des cuves et des entrepôts ? Ça peut fonctionner un temps… Simplifiez-vous plutôt la vie et endossez votre costume d’ingénieur hydraulique. Construisez des barrages, des réservoirs démesurés, concevez des systèmes ambitieux de dérivation d’eau pour irriguer de plus grandes surfaces ou rejeter l’eau contaminée ! Timberborn vous invite à réfléchir à des solutions du genre et offre une belle liberté d’action grâce à la dizaine de blocs disponibles (vannes, écluses interactives …) et la simulation cohérente des liquides. Laissez donc libre cours à votre imagination débordante et entamez ce chantier colossal qui vous fait rêver. Mais attention à ce que l’eau ne déborde pas, elle, sinon c’est l’inondation… Pour finir, et parce que le bois c’est bien mais que la dynamite c’est mieux, libre à vous de creuser la terre à coup d’explosifs pour remodeler le terrain, former de nouveaux cours d’eau ou modifier les existants. Puis une fois la partie bien entamée, ramassez la terre pour reformer le territoire ailleurs comme bon vous semble. Ce jeu est une véritable perle pour les joueurs créatifs ou aimant se creuser la tête avec des problématiques d’ingénierie.






Une gestion de ville avec de l’idée mais…
Le volet City building se veut en revanche plus perfectible. Il propose de belles choses comme la possibilité de planter case par case des végétaux qui pousseront de façon organique, ou encore la nécessité de penser toute la logistique de votre cité car il n’y a pas d’inventaire et de transfert magiques. J’apprécie également la possibilité de construire à la verticale et d’empiler les habitations ou les entrepôts, qui deviendront fonctionnels grâce aux échafaudages conçus par vos propres soins. Le jeu intègre de façon générale un panel intéressant de constructions, loufoques ou plus techniques, à débloquer selon vos envies via des points de recherche. Construisez des lignes de tyroliennes ou de métro, des méthodes avancées de pompage et filtration de l’eau, ou encore des centrales énergétiques alimentant grâce à des engrenages traversant votre ville les bâtiments dans le besoin. On retrouve ici une nouvelle fois la forte appétence en ingénierie de Timberborn.






Je reste en revanche perplexe face aux entrepôts qui n’acceptent qu’un seul type de ressource au risque de rendre le développement fastidieux. Avec près de 40 biens différents à obtenir, prévoyez à minima autant de points de stockage et probablement le triple pour faciliter la logistique. Le jeu intègre également un système de district qui, malgré un allègement, se présente toujours comme une alternative inutilement lourde de l’avant-poste. En gros, le jeu n’aime pas que le joueur s’étende loin de son centre-ville car les castors perdent trop de temps pour se déplacer et transporter les ressources nécessaires aux constructions. Il propose pour compenser un système de quartiers qui divise notre colonie en mini villes indépendantes nécessitant leurs propres infrastructures, devant produire leurs propres ressources et communiquant au besoin par un poste de commerce. L’idée se comprend mais l’exécution reste lourdingue du fait de la nécessité de micro gérer la population et de dupliquer autant de bâtiments, d’entrepôts, de pompes… Il y avait par le passé une limite de distance forçant la multiplication des districts, heureusement retirée depuis. Vous pouvez maintenant posséder un seul district et construire aussi loin que souhaité, à la condition de construire une route rejoignant le point de construction. Ce n’est pas parfait, il manque encore la possibilité de micro gérer les habitations pour sectoriser nos castors et limiter leurs déplacements routiniers, mais c’est déjà mieux.
De façon générale, le développement de sa ville ne génère pas de satisfaction particulière et semble servir de support au volet ingénierie au lieu de briller par lui même. L’équilibre des débuts est précaire, avec un risque important de foirer sa partie faute de ressources suffisantes (notamment le bois) et un ordre de construction à respecter aussi rigide que long à mettre en place. La suite s’améliore sans jamais vraiment passionner. Je n’arrive pas à mettre le doigt sur les raisons de cette impression, qui résulte peut-être des limites de l’interface ou du rythme du jeu vraiment trop lent. Tout est tellement lent que l’on passe l’essentiel de son temps à attendre qu’un castor arrive à destination ou qu’une construction se termine. Alors on laisse le jeu tourner en accéléré, en vitesse X3 (ou plus avec des mods) et on attend, regardant les castors s’agiter tels des électrons jusqu’à la nuit où l’on attend tout autant jusqu’au petit matin. Un tel rythme ne poserait pas de problème si le jeu nous sollicitait pour différentes problématiques, mais en sa qualité de titre cosy Timberborn reste passif. Pour cette raison, et à mon plus grand regret, je n’ai pas la patience de pousser le jeu dans ses derniers retranchements et de construire des mégastructures comme on peut en voir sur le web. S’il existe des solutions pour améliorer la productivité de notre colonie et atténuer la sensation de perte de temps, la principale tourne autour du bonheur de vos habitants.






Timberborn ou la colonie 5 étoiles
Plus vos castors seront heureux, plus ils seront rapides et productifs. Passé les besoins vitaux comme avoir un abri, boire, manger et maintenir sa fourrure humide, nos amis castors surprennent par leur exigence. Ils apprécieront un régime alimentaire varié au-delà des carottes et des baies. Ils sauront vous remercier de la présence de terrasses “rooftop lounge”, de clubs de danse, de piscines et de lieux de débat où les boissons psychotropes coulent à flot. Et ils se lèveront le matin le sourire aux lèvres si vous prenez la peine de décorer leurs environs. Leur objectif de vie ? Se prélasser toute la journée et laisser le travail aux robots, actifs 24/7 et que vous pouvez construire via les usines dédiées. Cet aspect du jeu se révèle bien fichu. Il récompense les joueurs ambitieux sans pénaliser les autres. Je ne peux cependant pas m’empêcher de regretter la présence d’une simple charrette pour accélérer le transport de matériaux. Ces ingénieux castors savent construire des robots, des tyroliennes, des barrages évolués, mais ne sont pas capables de transporter une quantité raisonnable de ressources à l’exception des spécialistes qui en portent le double (mais toujours pas assez).




Castoramods : Il y a tout ce qu’il vous faut
Timberborn est moddable jusqu’à l’os, comme en atteste le steam workshop plein à craquer de cartes et de nouvelles fonctionnalités qui ajoutent à ce jeu déjà riche une pelletée de contenu supplémentaire. Je conseille en premier lieu l’utilisation des mods accélérant le jeu (mais pas trop vite sous peine de générer des bugs) et celui qui ajoute l’échelle, plus logique dans certains cas que l’escalier et bien plus pratique.
Serez-vous le castor le plus affûté du barrage ?
Pour peu que vous adhériez à son rythme contemplatif et ses penchants de bac à sable évolué, Timberborn entre dans la catégorie des jeux capables de vous tenir en haleine des centaines sinon des milliers d’heures. Il faut dire qu’il est attachant avec ses graphismes rétro-mignons et ses petits castors qui se dandinent et s’attèlent de façon humoristique à la tâche qui leur est dédiée. Ajoutez-y une difficulté réglable, deux factions distinctes, de nombreux terrains de jeu et vous ne compterez plus les heures à travailler sur votre prochain projet d’hydro ingénierie. Le jeu est tout de même une déception pour moi, dans le sens où j’attendais autre chose de lui. Après avoir fait deux cartes sa formule me tombe des mains en raison des trop nombreux temps d’attente et de l’absence d’objectif clairs.
Un bref point sur l’état du jeu, toujours en accès anticipé depuis 2021. Ne vous fiez pas à cela. Le jeu est en réalité complet et stable, seulement les développeurs cherchent en permanence à l’améliorer avec de nouvelles idées de contenu. Si le jeu vous attire, vous pouvez y aller les yeux fermés.
Page steam de Timberborn | Tarif : 33.99€



