J’ai un faible pour le tower defense. Ce genre au concept simple et terriblement addictif si bien réalisé, dans lequel on établit une défense à base de murs, tourelles et pièges afin de retenir d’innombrables vagues d’ennemis de plus en plus puissantes. Pourtant, depuis Defense Grid : The Awakening en 2008, aucun jeu n’a réussi à capter mon intérêt, si ce n’est le temps de quelques parties avant de retomber dans l’oubli. Mais depuis le dernier Steam Next Fest, plusieurs titres tentent de tirer leur épingle du jeu, dont HexaScape : Cyber Defense, sorti le 20 juin en accès anticipé. Un petit jeu qui revisite le genre à sa façon et qui réussit à faire ce qu’aucun autre Tower Defense n’a fait depuis 16 ans : me donner envie d’y rejouer.

Dans les méandres du web

Hexascape situe l’action au cœur du cyber espace. Démarrant à l’état de simple noyau, votre objectif est d’explorer ce terrain de jeu ouvert et partiellement hostile à la recherche de générateurs et antennes relais pour élargir votre sphère d’influence, tout en repoussant les assauts de virus. Dit de façon plus générique, Hexascape est un tower defense dans un monde ouvert parsemé de bonus et d’obstacles, à la thématique forte et bien retranscrite bien que visuellement perfectible. Une image valant mille mots, le style graphique gagne à être affiné et l’interface sommaire, retravaillée, mais l’illusion fonctionne une fois la partie commencée.

Puzzle Defense ?

Hexascape trouve son originalité dans son système de jeu, à la croisée des chemins entre la traditionnelle défense de tour et le jeu de pose de tuiles tel que Carcassonne ou, plus récent, Dorfromantik. On y retrouve tous les éléments du genre, les routes, les tourelles… représentées ici sous forme de tuiles hexagonales tirées aléatoirement que l’on doit positionner aux côtés d’une tuile déjà en place. Ne fuyez pas, c’est excellent.

Escapade en monde ouvert

Contrairement à la quasi-totalité des tower defense qui vous laissent plus ou moins libre court dans un espace restreint, Hexascape opte pour la formule inverse. Sur un vaste champ d’hexagones presque vierge, libre à vous de vous développer comme bon vous semble et de construire à la fois votre défense et le cheminement emprunté par les ennemis. Certes, vous êtes contraint de placer la tuile proposée par le jeu, mais sauf erreur de planification cela ne posera aucun problème, même pour un pan de route qui ne vous arrange pas.

Pour deux raisons : la première, car vous élaborerez différents chemins afin de vous connecter aux générateurs, piliers et autres zones octroyant des bonus, disséminées un peu partout. Mais surtout car si les routes grises, neutres, peuplent la majorité de votre pile, les rouges sont vérolées : ce sont les portes. Ces dernières font apparaître à chaque vague des virus spécifiques et octroient un bonus aux nuisibles suivants qui les franchissent. Vagues qui commencent justement lors de la pose d’une nouvelle porte. Vous avez donc tout intérêt à vous disperser sur plusieurs directions afin d’éviter un afflux massif de virus capables de saturer vos défenses, et de tenir compte des types de portes pour optimiser vos chances de survie. Diviser pour mieux régner, un grand classique efficace même dans le cyber espace. Rien ne vous empêche cependant de tenter un chemin unique, étroitement surveillé par vos tourelles. Ou plus original, de réussir des quêtes visant à désactiver les effets des portes.

Question tourelles, Hexascape en propose un seul type. Vous pourrez toutefois l’améliorer selon différents embranchements couvrant les classiques du genre. Tourelle de ralentissement, d’attaque de zone, corrosion d’armure… à ce jour 7 branches existent, chacune évolutive, couplées aux traditionnelles améliorations de dégâts, vitesse et portée.

Pipelines et data blocks

L’amélioration de vos tourelles fonctionne également via la pose de tuiles. Les pipelines, sorte de tuyaux énergétiques, augmentent les dégâts et la portée de la tourelle connectée puis débloquent les branches de spécialisation. Plus vous formez un grand réseau, plus la tourelle sera puissante et plus vous obtiendrez de points d’évolution. La forêt numérique que sont les blocs de données permet, sur le même principe que les pipelines, d’améliorer cette fois les caractéristiques et les branches choisies.

Le champ des possibles se révèle vaste. Est-il préférable de constituer un réseau colossal qui alimente une seule tourelle, ou partager vos ressources entre plusieurs ? Selon la façon dont vous construirez vos routes, réussirez-vous à laisser suffisamment de place pour améliorer vos défenses ? On retrouve ici le plaisir d’optimisation de Carcassonne ou Dorfromantik, à placer et orienter chaque tuile de la meilleure façon possible pour soutenir notre stratégie. Un régal. Une note sur le hasard, pas si gênant. Outre la possibilité de relancer le tirage d’une tuile qui ne nous sied guère, l’ouverture du jeu et la réflexion qui en découle réduisent l’impact négatif d’une mauvaise tuile. De plus, sur certains modes de jeu l’interface nous informe des trois prochaines tuiles, inhibant de facto l’effet de surprise qui découlerait d’une mauvaise pioche et permettant de planifier ses poses avec une meilleure précision.

Quid du contenu

Hexascape propose à ce jour (juin 2024) une campagne de 10 scénarios, un mode défi composé de 5 missions, ainsi que le jeu infini (endless). Un contenu léger bien que rejouable, heureusement sauvé par le « défi de la semaine » et surtout l’éditeur de cartes d’une simplicité enfantine, dont vous trouverez les créations des joueurs directement depuis l’onglet réservé en jeu. On en compte déjà plusieurs dizaines, de qualité variable, relevant avec force la durée de vie du titre, pour information vendu moins de 15€ (le prix augmentera au fur et à mesure de l’évolution du jeu). Hexascape vise cependant les chasseurs de score, capables de relancer un même défi pour améliorer leur position au classement. Si ce n’est pas votre cas, le menu reste pour l’instant chiche.

État de l’accès anticipé

J’ai rédigé cette critique sur la première version du jeu, qui se révèle parfaitement stable mais gagnerait à proposer des infobulles en sus de l’encyclopédie. On se fait surprendre la première fois par la fin abrupte de la partie lorsque l’on réalise l’objectif principal, croyant pouvoir continuer après. On apprend également sur le tas les différentes portes de virus, dont le seul logo avant la pose manque de clarté. Du détail, capable toutefois d’irriter un nouveau joueur.

Prévu entre 9 et 12 mois, l’accès anticipé prévoit essentiellement de l’ajout de contenu visant à varier les plaisirs, comme de nouveaux modes de jeu ou de nouvelles fonctionnalités. Une bonne chose puisque si la base est bonne, elle reste redondante, Tower Defense oblige. L’accès anticipé sert aussi à recueillir les désirs de la communauté, dont certains se verront implantés. Aurons-nous droit au multi-joueurs ?

Un fort potentiel

Riche par son système novateur reprenant le meilleur du tower defense et de Dorfromantik, Hexascape s’avère aussi agréable que retors. Si l’on pourrait penser que l’aspect puzzle de la pose de tuiles inhibe la réflexion stratégique, il n’en est rien souris ou manette en main grâce au terrain de jeu ouvert et à la mécanique d’amélioration des tourelles plus complexe qu’à l’accoutumée. Un accès anticipé réussi posant les bases d’un titre avec du potentiel, et enfin un tower defense qui me marque depuis Defense Grid en 2008 ! Il ne reste aux développeurs qu’à embellir l’enrobage de leur système puis étoffer leur titre pour en faire un monstre de variété et de rejouabilité, habituelles faiblesses des jeux du genre.

Intéressé par HexaScape : Cyber Defense ? Sa page steam intègre une démo jouable, mentionnée dans mon top 10 du Steam Next Fest.

2 Comments

  1. Merci beaucoup Maxime pour cette trouvaille, les infos et l’analyse 🙂

    PS : pas bien grave mais ça fait plusieurs fois que je coche la case “Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site dans le navigateur pour mon prochain commentaire.” Sur d’autres blogs ou site ça marche, mais pas ici 😉 Bon perd pas trop de temps avec ça

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