Test | Headquarters WWII : Ardennes

Motivés par leurs précédents succès, les pixeltruppen de Headquarters World War II se rapprochent de Berlin avec, sur leur route, un DLC traitant de la bataille des Ardennes. Si cette halte avant la libération nous plonge avec générosité dans le célèbre conflit hivernal, elle donne surtout l’occasion de faire un point sur l’état du jeu, qui souffle bientôt sa première bougie, et sur ce que Slitherine nous réserve pour la suite.

Un théâtre aux deux lignes de front

À la différence du DLC Market Garden qui se jouait seulement côté Anglais, Ardennes met en scène les forces de l’axe et les alliés à travers deux campagnes distinctes de 8 missions chacune.

La première retrace l’offensive Allemande vers Celles, théâtre incluant l’encerclement de Schoenberg et l’assaut de St Vith. Cette campagne vise à retranscrire le déclin vécu par les Allemands, débordant de confiance en début d’opération puis progressivement mis en échec.

La seconde campagne dépeint la progression des alliés dans le secteur de Bastogne, de la reconnaissance à Martelange jusqu’à la contre-offensive de Wardin en passant par la poussée sur la célèbre ville Belge.

Par soucis de véracité historique, Ardennes ajoute au jeu une douzaine de nouvelles unités, dont le fort appréciable Jagdpanzer IV et le M26 Pershing. Mais hiver oblige, le principal changement concerne l’environnement. Le jeu revêt pour l’occasion son plus beau manteau de neige, exception faite des premiers scénarios de l’axe, influant sur le camouflage et les capacités de détection des unités. Les avions de reconnaissance perdent de ce fait en efficacité et il devient courant de se retrouver nez à nez avec une escouade ennemie. La vigilance reste plus que jamais de mise et tout excès de zèle se voit puni avec sévérité. Friand de ce type d’environnement, je me délecte de cette exposition au froid qui reste un régal pour les yeux, même si je regrette toujours le fort contraste qui caractérise le visuel du jeu. Il va sans dire que je me suis amusé comme un petit fou avec le mode photo pour vous concocter des captures sympathiques. Petite ombre au tableau, l’interface ne fait pas bon ménage avec le blanc de la neige et le titre perd en lisibilité, notamment pour les cases de déplacement et les lignes de tir qui se révèlent par moment difficiles à voir.

Un pack de batailles enneigées

Exception faite de ce nouvel environnement, le dlc laisse le joueur en terrain connu. Inutile de tourner autour du pot, si vous avez apprécié le contenu déjà sorti et qu’une prolongation vous tente, Ardennes vaut ses 13€. Les deux campagnes demeurent sympathiques, portées par des missions emblématiques comme l’assaut nocturne sur St Vith ou l’attaque coordonnée sur Chaumont. Elles restent dans la même veine que les précédentes campagnes et si la neige apporte un peu de fraîcheur à l’ensemble, on y retrouve les mêmes plaisirs et les mêmes frustrations. Le jeu n’évolue pas d’un iota.

Et c’est pour moi un problème. Si j’ai pu faire fi de ses artifices jusque-là, voir que le titre se repose sur ses lauriers m’agace. Je peine à accepter l’omniprésence de scripts, parfois grossiers, qui agrémentent les scénarios. Je n’arrive plus à ignorer le caractère linéaire des missions, avec ces gros amas rocheux et autres limites de cartes qui nous empêchent de dévier de l’itinéraire voulu par les développeurs. Les dialogues clichés m’irritent, tout comme les lignes de vue parfois douteuses, le FoV étroit ou pire, les murets infranchissables par un tank. Me voilà arrivé au bout du concept. Je me lasse de ce puzzle semi-ouvert face à un ennemi qui compense ses faiblesses tactiques par un surnombre ou un cloisonnement du joueur… Headquarters World War 2 vaut mieux que ça et le voir stagner de la sorte me rend chèvre.

Car je rêve de voir le jeu se développer. Son moteur le permet avec aisance alors qu’il traîne la patte sur la majorité des wargames. Sa base de mécaniques fonctionne bien -pour un wargame léger- et le jeu s’avère agréable en multi-joueurs (même si la neige tarde à tomber sur ce mode de jeu). Seul le solo, pourtant pas déplaisant, commence à sentir le réchauffé. Malheureusement, c’est le mode de jeu principal pour une majorité de joueurs.

Une lueur d’espoir subsiste pourtant. Si l’on en croit la feuille de route 2025, Slitherine prévoit de se consacrer au développement de l’intelligence artificielle du jeu. Elle a parcouru du chemin mais nécessite encore beaucoup de travail pour être considérée comme telle. En méritant son statut d’intelligence, elle rendrait l’escarmouche intéressante et permettrait la création de campagnes plus libres, moins dirigistes et scriptées. Et comme je vois mal Slitherine abandonner un jeu avec une base aussi solide, j’espère de tout cœur le voir évoluer. Seulement en l’état, difficile de contenir ma déception. Ardennes, aussi agréable soit-elle, demeure une extension réservée aux férus du jeu.

Intéressé par un séjour dans les Ardennes ? La page steam du DLC, proposé actuellement à 13€. Vous ne connaissez pas Headquarters : World war II ? Le test du jeu original et celui du premier DLC, Market Garden.

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