Test | Deathless : Tales of Old Rus

Connaissez-vous la mythologie slave, les contes de fée russes ? Moi, absolument pas. Une occasion pour allier les plaisirs du jeu et de la culture, avec la brève découverte de ce folklore que revisite Deathless Tales Of The Old Rus, jeu de cartes sorti ce mois-ci en accès anticipé.

L’itération russe de Slay the spire…

Si vous êtes amateur de roguelite et de deck-building, les captures vous rappelleront inévitablement Slay The Spire, dont Deathless s’inspire… beaucoup. Endossant le rôle d’une héroïne aux capacités spéciales, le joueur arpente les terres de Belosvet, monde fictif slave, suivant une quête personnelle qui l’amènera au fil des parties face à Koschey the deathless, ultime boss du jeu. Un arc narratif léger justifiant l’habituel enchaînement de sessions d’un roguelite, chacune composées de 18 batailles.

Sur le même principe que Slay the Spire, le joueur choisit parmi trois itinéraires, terme thématique pour désigner une bataille, offrant en cas de victoire des récompenses différentes. Gain de relique, de cartes, récupération de vie, visite chez le marchand… le connaisseur erre en terre familière et le nouveau joueur se verra guidé avec une interface remarquable, aussi claire que riche en infobulles. L’enrobage y est ici plus travaillé, avec une narration proche d’un livre d’aventure, vous invitant à tourner à gauche pour rejoindre la forêt et sa luxuriante végétation dans laquelle se cache le Leshy ou plutôt à droite, vers le lac maudit où rodent des Rusalkas. Tous les 6 combats, un boss aléatoire se joint aux festivités pour pimenter l’aventure et refaire le plein de points de vie, puis au bout des 18 affrontements on est bon pour recommencer, non sans avoir étoffé au préalable sa collection de cartes.

La phase de bataille reprend également les concepts de Slay the spire et du deck-building. Face à un nombre aléatoire d’ennemis, on pioche à chaque tour un nombre défini de cartes de son deck, que l’on cherche à jouer du mieux possible en respectant le quota d’énergie alloué. On retrouve les reliques, les trois emplacements de consommables, le système d’armure qui disparaît à la fin du tour et les nombreux états de bonus/malus avec lesquels jouer. Si vous avez pratiqué Slay the spire, c’est peu ou prou la même chose, avec cependant quelques twists dont certains inspirés de Darkest Dungeon. Et si vous ne connaissez pas, il s’agit d’une formule à la fois accessible et courte à jouer mais suffisamment profonde et engageante pour donner envie de relancer une partie.

… mais pas seulement

Deathless apporte comme premier changement la prise en compte des distances. Sauf cartes spécifiques, une attaque de mêlée touche seulement la créature en face, pour vous comme pour vos ennemis. Cela signifie que vos ennemis se déplacent et changent d’ordre, ceux de corps à corps cherchant à s’approcher de vous et ceux qui attaquent à distance fuyant vers l’arrière. J’aime beaucoup cette mécanique, qui force à diversifier son deck et réfléchir sur un plan supplémentaire.

La mort se voit aussi gérée de façon différente, avec les ennemis tués passant en état  “dying” au lieu de disparaître. Inactifs, ils deviennent des obstacles perdant progressivement leurs points de “vie” et peuvent être ressuscités si un sorcier traîne dans les rangs ennemis. L’idée est excellente puisqu’elle renforce cette notion d’ordre, nous forçant parfois à taper sur un mort pour le faire disparaître au lieu de le voir servir de couverture aux archers et sorciers ennemis. Je reste en revanche mitigé quant à la gestion de la mort du joueur. Au lieu de perdre la partie quand ses points de vie descendent à zéro, il peut recommencer à volonté le combat à l’identique. Ce gain d’accessibilité dénature le genre roguelite et affadit la victoire. Un entre-deux, par exemple un système de vies, me paraît plus adapté si l’on cherche à faciliter le parcours. Deathless lorgne pourtant selon moi vers une difficulté abordable, bien que parfois soumise à un équilibre houleux qui se verra affiné avec le temps.

La première version (juin 2024) de Deathless propose seulement une héroïne parmi les quatre : Varvara the fair. Varvava est capable via des cartes uniques de manipuler l’ordre des ennemis sur le champ de bataille, pour repousser un hostile prêt à porter un coup de mêlée (et ainsi l’en empêcher), en approcher un qui se cache pour l’attaquer, ou encore ranger un mort de son côté afin de s’en servir comme bouclier. Chaque mouvement s’accompagne de plus d’un malus pour la cible, la rendant par exemple perplexe et étouffant ses capacités offensives. Cette mécanique apporte un dynamisme appréciable au combat et ouvre surtout la porte à de belles stratégies.

Vasilia the wise, seconde héroïne, rejoindra les rangs dès le mois de juillet. Sa spécialité, invoquer des créatures aussi mignonnes que terribles. Le troisième héros, encore secret, sortira en septembre, séparant les deux patchs majeurs de contenu prévus en août et octobre. Concernant le quatrième, nous n’en savons rien pour le moment mais il devrait inaugurer la fin de l’accès anticipé à la fin de l’année.

Alors, plagiat ?

Derrière son inspiration forte et totalement assumée, Deathless réussit à se démarquer de Slay the Spire. Outre l’univers différent, les nouvelles mécaniques apportent un agréable vent de fraîcheur, bien qu’il me tarde d’essayer les autres héros pour varier un peu et voir où les développeurs pousseront leur système.

On notera en sus les visuels superbes de Roman Papsuev (artbooks de Games Of Throne), qui accompagnés des musiques de Dmitri Silantyev (les deux Pathfinder, Warhammer Rogue Trader) nous transportent dans cette Russie fantaisie aux airs plus horrifiques que féériques.

Slava Deathless !

Deathless : Tales of the Old Rus jouit d’une réalisation exemplaire, tant dans sa technique envoûtante, dans son interface limpide, que dans le plaisir de jeu qu’il procure. Si sa ressemblance avec Slay the Spire crève les yeux, il réussit à s’en démarquer avec des mécaniques aussi amusantes que stratégiquement intéressantes. Je le recommande donc à tout amateur de roguelite et de deckbuilder, comme au nouveau joueur qui chercherait à découvrir le genre. L’intérêt reste évidemment limité à l’heure où j’écris ces lignes puisque le jeu manque du contenu, mais je ne peux qu’encourager les développeurs à continuer dans cette voie car il se peut qu’ils tiennent un futur bijou du genre entre leurs mains. Verdict dans quelques mois.

Intéressé par Deathless ? Sa page steam. Un jeu qui aurait mérité sa place dans mon top 10 du steam next fest (si je n’étais pas passé à côté…).

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