L’équipe Polonaise de Play of Battle se lance dans un projet ambitieux aux multiples échelles : Systemic War. Découvrons ensemble les promesses de ce titre prévu pour 2026 puis, à travers plusieurs articles, un aperçu de ses différentes facettes.

Tel un Total War transposé à l’ère contemporaine, Systemic War vous invite à contrôler l’une des principales nations du monde actuel dans un hybride mêlant campagne stratégique mondiale et batailles tactiques en temps réel. Je ne sais pas vous, mais à titre personnel j’attends un jeu de cette envergure depuis bien trop longtemps. Jouable exclusivement en solo, la campagne mettra l’accent sur la narration afin de nous plonger dans les difficultés géopolitiques d’aujourd’hui et nous faire comprendre de façon ludique le fonctionnement de l’escalade militaire. Elle puisera pour ce faire dans les événements historiques survenus ces 20 dernières années et ajoutera divers faits alternatifs crédibles (les what ifs) en sus des nombreux leviers accessibles au joueur.
La promesse est alléchante, seulement vous ne connaissez pas Play Of Battle. Et bien moi non plus. Avant de lever les hallebardes nous pouvons toutefois nous rassurer un peu : il s’agit d’une société récente composée de personnes ayant travaillé chez CD Projekt (Cyberpunk 2077, The witcher 3) et 11 bits studio (Frostpunk). L’équipe n’apparaît donc pas sans bagage vidéoludique.
De belles promesses pour la partie grande stratégie
À l’instar des jeux de grande stratégie de Paradox, le volet stratégique centralise la gestion économique, technologique et diplomatique de votre pays. Je rentrerai plus en détail sur ce dernier lorsque j’aurai posé mes pattes dessus, voici simplement ce qu’il promet de faire :
- Ici peu d’abstraction, la carte représente le réseau routier et ferroviaire principal du globe ainsi que les villes reliées par ce dernier. L’intérêt, au-delà de l’immersion : accorder à la logistique l’importance qu’elle mérite.
- Systemic War intègre en sus un modèle économique dynamique permettant aux joueurs de se spécialiser dans l’exportation de différents biens et de jouer avec les fluctuations de prix.
- La diplomatie tourne autour de l’escalade militaire, avec des manœuvres silencieuses et des agressions plus directes visibles aux yeux du monde entier. Attention toutefois à ne pas déclencher de conflit nucléaire, synonyme de fin du jeu.
Enfin, le volet stratégique sert surtout à vous préparer à la guerre. Améliorez votre arsenal et développez des prototypes pour exceller au combat, sans délaisser vos infrastructures et vos capacités de production -ou de ravitaillement-. Il serait bien dommage de manquer d’armes à l’approche d’un conflit militaire.
En bref, Systemic War se révèle audacieux. Peut être un peu trop. Donc si je salue l’initiative et l’accueille à bras ouverts, j’attends de voir le résultat final avant de sauter de ma chaise de général numérique. Parlons plutôt de choses concrètes : les batailles !



Un STR tactique avec de l’idée
J’ai pu tester le volet tactique à travers un tutoriel et une longue escarmouche opposant la Pologne à la Russie près de la rivière Pilica. On se trouve ici face à un ersatz de Broken Arrow, arcade et dynamique à souhait, un peu léger jugé seul mais très correct au vu de ce que nous réserve le jeu complet. Dans les grandes lignes, Systemic War proposera 25 cartes reproduisant à l’identique des lieux réels sensibles, sur lesquelles vous engagerez les troupes conçues depuis le volet stratégique à partir d’un panel de 150 unités uniques et personnalisables. Et parmi elles, des unités bien spécifiques : les opérateurs de drone et les unités de guerre électronique.
J’ai apprécié plusieurs choses lors de mes heures d’essai sur cette version prématurée. La première, c’est l’aspect dynamique des affrontements. Les objectifs changent au cours de la partie et, pour reprendre l’exemple testé, le joueur Polonais doit d’abord défendre des secteurs définis puis éliminer un certains nombre de troupes avant d’entamer une contre-offensive en plusieurs étapes. Deuxième bon point : afin de capturer un secteur le joueur doit rejoindre une zone circulaire restreinte et y rester un long moment. Si un défenseur ne s’y trouve pas, la capture devient possible même s’il reste des ennemis dans les parages. On évite ainsi le jeu de cache-cache rébarbatif où un pékin planqué dans un arbre à 200m bloque la capture, tout en laissant au défenseur suffisamment de temps pour réagir.



Dans Systemic War, les joueurs amassent deux ressources : le ravitaillement et l’information. Ces dernières vont servir au déploiement des troupes, à l’amélioration de structures stratégiques et à l’activation de capacités de soutien comme appeler un missile air-sol ou un barrage d’artillerie. Si le temps génère des points pour les 2 ressources, capturer des secteurs octroiera un bonus de ravitaillement et détecter ou éliminer des ennemis apportera un bonus d’information. Dit autrement, le jeu récompense la proactivité.
L’un des concepts principaux du jeu réside dans l’utilisation de camions logistiques (dans la démo le JELCZ 442.32 pour les passionnés d’équipement Polonais) transformables en postes avancés, que vous utiliserez pour déployer vos unités et soigner les blessés. Fini le déploiement en bout de carte, vous pouvez établir vos points d’apparition où vous le souhaitez, tant qu’il s’agit d’un secteur sous votre contrôle. Le principe étant réversible, vous pouvez également tenter un déploiement près de la ligne de front puis rapatrier votre base en arrière dès que ça sent le roussi.
Malgré son rythme arcade, Systemic War intègre de multiples fonctions et spécificités issues de wargames et de simulations. Comme cet outil pour vérifier le champ de vision d’une unité ou d’un point, ou celui pour vérifier une ligne de tir. Les unités possèdent en outre plusieurs caractéristiques offensives (portée, pénétration, vélocité, temps de visée…) et défensives. Le joueur peut de plus orienter ses unités vers une direction précise (utile pour les blindés), utiliser le terrain pour couvrir sa progression (concept encore flou dans la démo), endommager des ponts pour ralentir la progression de l’ennemi et utiliser des capacités spéciales comme les fumigènes.
Mais s’il y a bien quelque chose qui m’a séduit, c’est la présence des technologies modernes. Utilisez des unités EW, véhicules ou escouades, pour détecter les mouvements ennemis. Ordonnez à vos opérateurs de drones de surveiller un secteur alentour. Verrouillez une cible mobile pour que votre missile air-sol tape en plein dedans. Le champ de bataille se trouve changé et devient plus impitoyable que jamais. Et la reconnaissance retrouve quant à elle son rôle de pilier.



Je ressors donc plutôt convaincu par cette démo (alpha). Si pour l’instant il ne casse pas trois pattes à un canard, le volet tactique de Systemic War possède sa propre identité et demeure suffisamment réussi pour un jeu qui vise au-delà de la simple escarmouche. Intéressant sur le plan tactique, entre autres grâce à sa carte suffisamment grande et détaillée pour laisser place à de belles manœuvres, il me donne envie d’en voir plus. Et si malgré son rythme lent le jeu nécessite un degré modéré de micro-gestion pour exceller, il propose un mode de contrôle alternatif, simplifié, pour s’adapter aux joueurs peu enclins au style intensif et adeptes de macro. En l’état je lui reproche surtout un certain manque de punch et de détail dans les affrontements, qui me paraissent trop épurés, limite abstraits. Un peu comme sur Armored Brigade 2. Après un Broken Arrow satisfaisant à manipuler il risque de paraître fade s’il ne s’améliore pas sur ce point.
Page steam du jeu | Sortie fin 2026

